Il y a environ une quinzaine d’années, un nouveau mot a fait son apparition dans le langage des passionnés de furets : le terme « futois ». Mais de quoi s’agit-il exactement ?
Qu’est-ce qu’un futois ?
Un futois (mot valise venant de furet et de putois) désigne l’hybride issu de l’union du furet domestique et de son ancêtre sauvage, le putois européen (Mustela putorius putorius, voir photo ci-dessus). À l’origine, il s’agit d’une appellation brevetée par un élevage désormais fermé. Le terme s’est très rapidement répandu pour désigner n’importe quel hybride de furet et de putois, issu ou non de l’élevage en question.
Ce genre de croisement, qu’on appelle retrempage, est comparable au mariage d’un berger allemand et d’un loup pour produire un chien loup tchécoslovaque : l’éleveur cherche par ce biais à récupérer certaines caractéristiques précises venant du parent sauvage, tout en conservant les principaux traits domestiques.
Chez le furet, les éleveurs pratiquant le retrempage cherchent principalement à réinjecter de la rusticité dans la lignée et parfois à obtenir des jeunes avec une robe noire intense.
La détention d’un futois est-elle légale ?
Pour produire légalement un animal hybride, il faut que le parent non domestique (ici le putois) soit issu d’un élevage en captivité et détenu en respectant la réglementation en vigueur. Dans le cas du putois européen, une autorisation préfectorale de détention est obligatoire, ainsi que des formations pratiques et des infrastructures adaptées à ses besoins biologiques. Il est donc strictement interdit de capturer un putois issu du milieu naturel et de le garder dans un clapier pour le faire reproduire !
De plus, il faut savoir que d’un point de vue juridique, la descendance issue d’un putois et d’un furet est considérée comme étant « non domestique » jusqu’à la cinquième génération née en captivité. Autrement dit : il faut au minimum quatre générations d’écart entre le putois et les furetons pour que ces derniers soient considérés comme étant légalement des furets. Les jeunes des quatre premières générations suivant l’hybridation sont considérés comme des putois, et sont donc soumis à la même réglementation que leur ancêtre.
Pour résumer :
- à partir de la cinquième génération après hybridation, on peut détenir sans aucun problème un futois.
- En-dessous de cinq générations, en revanche, cela nécessite des autorisations administratives.
Le futois est-il un bon animal de compagnie ?
Cette question divise beaucoup les personnes ayant côtoyé des furets hybrides, car elle est profondément personnelle. En effet, tout le monde ne recherche pas la même relation avec son animal, et ce qui déplaît à l’un peut convenir à l’autre.
Néanmoins, on ne peut nier que l’introduction de gènes sauvages a des répercussions sur la descendance, en particulier au niveau comportemental. La domesticité étant un ensemble de caractéristiques génétiques obtenus grâce à une longue sélection (la domestication), réintroduire des gènes sauvages peut annuler le travail fourni précédemment. Par exemple, l’absence de peur envers la nouveauté est une caractéristique domestique chez le furet. Lorsque l’on croise furet et putois, les jeunes obtenus ont de grandes chances d’hériter du putois sa peur instinctive de la nouveauté (néophobie).
Ceci explique pourquoi les futois sont bien en général plus craintifs, plus anxieux, plus émotifs, plus intelligents, et plus exclusifs sur le plan relationnel que ne le sont les furets. Ces traits comportementaux constituent un inconvénient à ne pas négliger lorsque l’on souhaite acquérir un animal de compagnie :
- La peur de la nouveauté rend tout changement très difficile à vivre pour l’animal, qu’il s’agisse d’un déménagement, de la naissance d’un bébé…
- Le caractère exclusif de la relation humain/animal rend très compliquées les contacts avec des étrangers, surtout quand il s’agit de faire garder son futois pendant les vacances
- L’intelligence accrue de ce « furet pas comme les autres » lui permet de résoudre des problèmes très complexes et de manipuler les humains… mais cela est aussi synonyme d’ennui en cas de stimulations insuffisantes
- Sa grande sensibilité en fait un animal plus délicat à éduquer, car il prend facilement peur face à une punition, c’est pourquoi on conseille de n’avoir recours qu’à la méthode positive
- Son émotivité accrue peut l’amener à reporter ses émotions négatives sur son maître, en le mordant violemment sans aucun signe avant-coureur
- Il fait preuve d’une tolérance très faible aux erreurs de manipulation, ce qui le rend incompatible avec de jeunes enfants
En contrepartie, la relation établie entre humain et futois est bien souvent fusionnelle, intense, extrêmement fidèle. De nombreux « parents » d’hybrides attestent de la proximité émotionnelle qui les lie à leur animal – sans toutefois nier les difficultés que pose la cohabitation avec ce petit compagnon très spécial.
Si le futois n’est pas forcément un mauvais animal de compagnie, il n’est définitivement pas à mettre entre toutes les mains. Pour les personnes expérimentées ayant déjà partagé le quotidien de furets mordeurs, il peut s’avérer un choix envisageable. En revanche, mieux vaut ne pas s’y hasarder s’il s’agit de votre première expérience avec un mustélidé…Un furet issu d’une lignée complètement domestique sera un bien meilleur compagnon pour toute la famille !
Par Douchka Brouet
Furetterie Twilight Polecats
Catégories :ESPÈCES/RACES