LA GERBILLE À QUEUE GRASSE

duprasi gerbille

Pachyuromys duprasi, la gerbille à queue grasse (photo : Klaus Rudloff)

Tout le monde connaît la gerbille « commune », autrement appelée « mérione de Mongolie ». Mais connaissez-vous la gerbille à queue grasse ? Ce petit rongeur est très inhabituel, non seulement à cause de son apparence, mais aussi par son comportement.

 

La gerbille à queue grasse appartient à la sous-famille des Gerbillinae et est la seule espèce du genre Pachyuromys (P. duprasi). Cette gerbille n’est pas encore très commune en captivité. Elle fait partie des espèces non domestiques, mais ne nécessite pas de certificat de capacité pour quelques individus.

 

Pachyuromys duprasi - Marie-Sophie Germain

Jeune mâle duprasi vu de face (photo : Marie-Sophie Germain)

CARTE D’IDENTITÉ

Nom commun : gerbille à queue grasse, duprasi
Nom latin : Pachyuromys duprasi
Origine : Nord du Sahara (Egype, Tunisie, Lybie, Algérie)
Taille-Poids : environ 7 à 10 cm (avec une queue de 5 cm) ; 50 à 100 g
Longévité :  entre 4 à 7 ans en captivité
Régime alimentaire : omnivore à tendance insectivore
Mode de vie sociale : grégaire (en groupe)
Maturité sexuelle : 2 mois
Gestation : 19 jours
Nombre de petits : 3 à 6
Nb de portées par an :
Âge au sevrage : 3 à 4 semaines
Cage : minimum 1 m de long pour un trio minimum
Particularités : elle doit son nom à son épaisse queue grasse
Statut : espèce non domestique

 

pachyuromys duprasi gerbille à queue grasse

Description

Le corps, d’une longueur maximale de 10 cm est assez plat, et recouvert d’une jolie fourrure couleur sable (plutôt chaud et clair), blanche sur le ventre. Apparemment, une mutation grise ou chinchilla serait apparue dans un élevage au Japon, mais personne ne sait s’il s’agit d’une réelle mutation ou tout simplement d’une sous-espèce égyptienne, Pachyuromys duprasi natronensis, qui est un peu plus grisâtre.

Les oreilles sont implantées assez bas sur la tête, et les yeux ovales sont très grands, adaptés à la vision nocturne. Le museau assez pointu suppose une alimentation essentiellement insectivore dans la nature. Le cou n’est pas visible. Le mâle présente des glandes odorantes sur le ventre (invisibles à l’oeil nu) qu’il utilise pour marquer son territoire en frottant son ventre sur divers points de son environnement. Quand il a atteint sa maturité, ses testicules sont bien visibles.

 

IMG_5571

Queue d’un jeune mâle Pachyuromys duprasi (photo : Marie-Sophie Germain)

Si la queue est « grasse », c’est qu’elle sert en fait à stocker de l’eau, comme les dromadaires, une adaptation à la vie dans le Sahara. En captivité, la queue doit être bien « grasse » et bien ronde, signe de bonne santé. Si elle est fine, c’est signe que la gerbille n’est pas assez bien nourrie ou est malade.

 

duprasi sur le dos

Jeune mâle duprasi qui se laisse faire même sur le dos (photo : Marie-Sophie Germain)

Comportement

On a peu de données sur le comportement à l’état sauvage. En captivité, La gerbille à queue grasse est un rongeur assez spécial du point de vue du comportement avec les humains. Elle est très calme, et reste « aplatie » sans bouger quand on la prend dans la main. On dit que même les spécimens sauvages agissent ainsi quand ils sont capturés ! En captivité, la duprasi est assez docile et ne mord quasiment jamais (à moins de se sentir agressée). On peut même la laisser sur le dos dans la main sans qu’elle réagisse !

Cette espèce est plutôt crépusculaire et nocturne, bien que certains individus aient une activité diurne.

 

img_5570

Jeune mâle Pachyuromys duprasi, peu farouche avec les humains (photo : Marie-Sophie Germain)

Vie sociale

Sur la vie sociale en captivité, les avis différent. Quand on tient une duprasi dans la main, elle ne bouge pas, elle se laisse même mettre sur le dos sans problème. Pour cette raison, de nombreuses personnes pensent que cette gerbille peut s’adapter à tout type de cohabitation. Il n’en est rien ! Comme c’est le cas chez certaines espèces de gerbilles, les femelles peuvent être assez agressives, surtout quand elles sont gestantes ou allaitantes. Les cas de cannibalisme ne sont pas rares.

On dit que certaines gerbilles s’accommodent très bien d’une vie en colonie, alors que d’autres ne peuvent vivre qu’en solitaire. Le problème c’est qu’en cas de combat, chaque duprasi mord la queue de l’autre. Cela peut provoquer de graves infections. C’est pourquoi beaucoup d’éleveurs maintiennent leurs gerbilles à queue grasse en solo.
Si vous en avez plusieurs, à vous de voir comment elles s’entendent, et soyez prêts à pouvoir héberger chacune d’entre elles séparément !

 

duprasi-habitat.jpg

Pachyuromys duprasi vit dans le Sahara (photo : Klaus Rudloff)

Habitat

A l’état sauvage, on trouve la gerbille à queue grasse dans des étendues sableuses parsemées de végétation. Elle se réfugie dans un terrier qui peut atteindre 1 m de profondeur !

C’est pourquoi en captivité il faut absolument lui offrir une très épaisse couche de litière afin qu’elle puisse y creuser un terrier. La litière de cellulose ou de papier est la plus adaptée à cet usage, car comme ils sont légers, les flocons ne s’effondrent pas quand les galeries sont creusées. Vous pouvez aussi utiliser de la litière de chanvre ou de lin. Surtout pas de copeaux de résineux !

Et afin de pouvoir mettre beaucoup de litière, la cage est proscrite, il vaut mieux choisir un grand terrarium très profond, de 80 cm de long minimum. Equipez-le d’une roue pleine avec un diamètre de 28 cm, ou d’un disque d’exercice (« soucoupe volante ») et de nombreuses cachettes. Il faut aussi mettre à disposition un bol rempli de terre à bains pour chinchilla, essentiel pour que la duprasi puisse dégraisser ses jolis poils fins et soyeux.

 

Pachyuromy duprassi alimentation

Dans la nature, la gerbille à queue grasse est principalement insectivore (photo : Bruno Cavagnaux)

Alimentation

Dans la nature, la gerbille à queue grasse se nourrit essentiellement d’insectes. Cependant, des chercheurs ont noté qu’elle ingérait parfois des végétaux (Anabasis articulata et Artemisia monosperma). Certains scientifiques la classent en tant qu’herbivore, d’autres en tant qu’omnivore, et d’autres encore en tant qu’insectivore…

En captivité, la duprasi n’est pas difficile à nourrir : offrez-lui un mélange pour gerbilles de bonne qualité, agrémenté de quelques petits morceaux de fruits ou légumes, ainsi que d’insectes. Vous pouvez vous-même élever des insectes vivants.

 

bébés gerbille queue grasse

Bébés Pachuyromys duprasi âgés d’1 semaine (photo : Peter Maas)

Elevage et reproduction

Certains éleveurs affirment que si on met un mâle et une femelle ensemble dans une cage, il y a peu de chance pour que la femelle devienne gestante, car il y a de gros risques que les deux animaux se bagarrent pour le territoire. Pour déclencher un accouplement, ils préconisent alors de mettre le couple dans un petit bac, avec seulement de la litière et rien d’autre. Ainsi, les deux rongeurs ne peuvent pas se battre pour le territoire – puisqu’il n’y quasiment pas de territoire – et il n’y a pas non plus d’éléments que le mâle pourrait marquer de son odeur.

L’accouplement est assez inhabituel : les deux gerbilles se dressent sur leurs pattes, dans ce qui ressemble être une lutte féroce, accompagnée de couinements. Le mâle n’abandonne pas tant que la femelle n’est pas réceptive, même si elle lui jette des paquets de litière au nez ! Heureusement, une fois qu’elle est fécondée et peut vivre une gestation tranquillement, elle devient une excellente mère.

La gestation dure environ 19 jours. L duprasi est une espèce nidifuge, les petits, au nombre de 3 à 6, naissent nus et aveugles. Ils sont sevrés vers l’âge de 3 à 4 semaines. Leur queue « se rembourre » quelques semaines plus tard.

 

Comme vous le voyez, la gerbille à queue grasse est vraiment un rongeur inhabituel ! Cela en fait un rongeur fascinant, mais également adorable, et qui mérite vraiment d’être mieux connu.

Par Marie-Sophie Germain

 

25675_PLA_skyline_nagerkaefig_Falco_2melange-terra-gerbille-vadigran.jpg