Petit, tout doux, doté d’un petit museau pointu, de jolis yeux noirs en boutons de bottines et d’un air chafouin, le furet a toutes les caractéristiques requises pour faire craquer un être humain normalement constitué ! Pourtant, cette petite bête ne convient pas à tout le monde… Son adoption doit être un acte mûrement réfléchi.
NAC Magazine vous aide à déterminer si le furet est un animal de compagnie susceptible de vous convenir.
Êtes-vous prêt(e) à l’assumer pendant 7 à 10 ans ?
Cette première question est l’une des plus décisives. La longévité d’un furet varie de 3 ans (mauvaises lignées, stérilisation précoce…) à 12 ans, mais dure en moyenne 7 à 10 ans.
Il ne s’agit donc pas d’un animal qui fait un passage-éclair dans votre vie. Entre l’adoption de votre furet et son décès, il est probable que votre existence connaisse des tournants et des bouleversements, parfois prévus, parfois inattendus : déménagement, rencontre d’un(e) partenaire, début d’un nouvel emploi, expatriation, naissance d’un enfant…
Aurez-vous encore la patience et le temps de vous en occuper lorsque votre situation changera ? Vous sentez-vous capable de tout mettre en œuvre pour conserver une bonne qualité de vie à votre furet ? Que ferez-vous si votre nouvelle situation vous amène à choisir entre votre confort et celui de votre furet ?
Quels que soit votre âge et votre mode de vie, des concessions seront sûrement à prévoir, et ce sera à vous de les faire, pas au furet ! Comme le disait si joliment Antoine de Saint Exupéry, « on devient responsable pour toujours de ce qu’on a apprivoisé ».
Disposez-vous d’un gros budget ?
Le furet n’est pas un animal adapté aux tout petits budgets. Non seulement il nécessite du matériel assez coûteux (immense cage pour la nuit, jouets, couchages) mais il doit également bénéficier d’un suivi vétérinaire régulier (vaccination contre la maladie de Carré, vermifuges, stérilisation).
Ces dépenses veulent rapidement dépasser tous vos pronostics dès que le furet est malade. En effet, la prise en charge d’un furet en urgence peut aisément coûter entre 100 et 200 euros… sans même parler des frais associés à une maladie de longue durée telle que l’insulinome ou le lymphome.
Il vous faudra prendre soin d’avoir toujours sous la main une « cagnotte furet » en cas de coup dur, d’un minimum de 500 euros.
Quel âge avez-vous ?
Tout d’abord, sachez que loi interdit la vente d’animaux vivants à des mineurs. Si vous avez moins de 18 ans, vous devrez donc avoir l’accord de vos parents, car ce sont eux qui seront considérés légalement responsable du furet.
Vous aurez aussi grand besoin de leur coopération. En effet, si vous partez en week-end ou si vous devez amener le furet en urgences chez le vétérinaire, vos parents doivent être prêts à vous épauler. Un animal est un membre de la famille : on ne peut pas le délaisser ou le laisser dépérir sous prétexte que l’enfant qui l’a voulu est absent ou malade…
Si au contraire, vous êtes parent, prenez garde à ne pas offrir un furet à un enfant en bas âge ! Le furet n’est pas adapté aux enfants de moins de 13 ans : il doit être éduqué, il ne peut pas vivre en cage, il nécessite des soins vétérinaires réguliers et vit jusqu’à 10 ans.
Il ne convient donc pas comme animal simple à gérer et « bon marché » pour un jeune enfant. Un couple de gerbilles sera plus adapté, plus facile à maintenir et moins onéreux sur le plan vétérinaire.
Êtes-vous très sensible aux odeurs ?
On dit souvent que le furet « pue ». Bien que cela ne soit pas tout à fait exact, car l’appréciation d’une odeur est subjective, force est de reconnaître que le furet dégage une odeur de musc assez forte.
Contrairement aux idées reçues, cette odeur n’est pas causée par ses glandes anales, mais simplement par la composition de son sébum (une sorte d’huile qui recouvre la peau et le poil). En période de reproduction, la production de sébum augmente, ce qui renforce cette douce fragrance sauvage…
Par ailleurs, les selles d’un furet nourri avec une alimentation saine (proies, recettes carnées) sentent également assez fort.
Bien que la stérilisation et une bonne hygiène permettent de diminuer l’intensité des odeurs, votre intérieur sera peu à peu imprégné de ce parfum animal.
Autant dire que si vous ne supportez pas les odeurs un peu « brutes », le furet n’est pas un bon choix !
Rêvez-vous d’un intérieur toujours impeccable ?
Même avec une excellente éducation à la propreté, un furet n’est jamais propre à 100%… Il ne s’agit pas de mauvaise volonté de sa part, ni d’une tentative pour vous manipuler – il est simplement différent du chat et ne ressent pas le besoin impérieux d’enfouir ses excréments en « lieu sûr ». Il vous faudra donc ramasser ses oublis systématiquement. Il arrive aussi que certains furets ne deviennent jamais propres, y compris dans leur cage. Là encore, il faudra vous en accommoder, même si ce n’est pas ce que vous auriez souhaité !
Par ailleurs, le furet est extrêmement curieux et voleur : il adore chaparder, cacher, mettre du désordre. Qu’il s’agisse de ses jouets, de la télécommande, de vos clés ou des restes de nourriture, il se fera un plaisir d’aller cacher ses trésors dans les endroits les plus improbables… et inaccessibles !
Si vous êtes très à cheval sur la propreté et/ou le rangement, vivre avec un furet risque d’être une véritable épreuve.
Êtes-vous gêné(e) par les proies et la viande ?
Les furets sont des carnivores stricts qui se nourrissent idéalement de proies entières, ou à défaut de recettes carnées équilibrées. Plusieurs vétérinaires spécialisés ont émis l’hypothèse que les croquettes, à cause de leur teneur trop élevée en glucides, sont une des principales causes de l’insulinome, un cancer mortel du pancréas.
Avoir un furet, c’est donc s’assurer de pouvoir lui donner chaque jour une alimentation carnée fraîche et équilibrée : poussins, souris, cailles, ratons, recettes à base de poulet, bœuf, lapin…
Malheureusement, nombreux sont les « parents » de furets qui choisissent de se tourner vers les croquettes par simplicité, sans prendre en considération les besoins métaboliques de leurs petits compagnons.
Pire encore : depuis quelques années, l’effet de mode grandissant autour du végétarisme (ne pas manger de viande), du végétalisme (ne mangez aucun aliment d’origine animale) et du véganisme (ne rien acheter qui provienne d’un animal) pousse de plus en plus de personnes à entraîner leurs carnivores domestiques dans une croisade idéologique dommageable pour leur santé… Car si les êtres humains peuvent tout à fait se passer de produits animaux, ce n’est pas le cas des chats et des furets. Nourrir son furet avec des croquettes végétaliennes est très dangereux et constitue une forme de maltraitance.
Vous l’aurez compris : si vous refusez de manipuler des proies et/ou de la viande, quelle qu’en soit la raison, il serait plus raisonnable de vous tourner vers un animal végétarien, comme le lapin ou le cobaye.
Voulez-vous un animal qui puisse rester longtemps en cage ?
Contrairement à un petit rongeur comme la souris pygmée, le furet ne peut pas passer la majorité de son temps enfermé dans un espace clos. Il doit être sorti sous surveillance dans une pièce ou dans la maison pendant 3 heures par jour au minimum, sous peine de développer des troubles comportementaux (stéréotypies, phobies, agressivité…). C’est un animal-compagnon au même titre qu’un chien ou un chat.
Il faudra également veiller à sécuriser son environnement, afin d’éviter un accident domestique potentiellement grave : c’est ce qu’on appelle le ferret proofing.
Êtes-vous prêt(e) à l’éduquer ?
À l’instar du chien, le furet est un animal qui nécessite une éducation attentive. Il devra apprendre à réguler ses morsures, à être propre et à accepter le harnais, ce qui prend du temps et de la patience. En fonction de la personnalité de votre furet, le temps nécessaire à ces apprentissages peut être plus ou moins longs.
La méthode employée devra aussi être adaptée au caractère de votre furet : si certains comprennent vite en étant pris par la peau du cou après une bêtise, d’autres seront plus réceptifs à une méthode strictement positive.
Éduquer un furet est une tâche énergivore et chronophage. Il ne suffit pas de consacrer deux heures par semaine à son fureton pour l’éduquer convenablement. Avant de craquer sur un furet, demandez-vous si vous aurez suffisamment de patience et de temps libre pour l’éduquer correctement.
Avez-vous peur des morsures ?
Les mordillements, pincements et morsures sont des comportements normaux de communication chez les Mustélidés.
Quand vous adoptez un fureton, il est normal qu’il vous pince pour communiquer et tester votre patience. Il ne sait pas que votre peau est plus fine et sensible que la sienne. Ce sera à vous de le lui apprendre par une éducation patiente.
La majorité des furetons sortent de leur phase mordeuse vers l’âge de 6 mois, et connaissent quelques mois de calme avant que les hormones ne viennent à nouveau tout chambouler à la puberté (aux alentours de 9 mois). Il faudra alors faire preuve de compréhension, de patience et de constance face à votre furet ; il n’en est rien responsable de ses sautes d’humeur !
Cependant, on ne peut nier que ces morsures peuvent s’avérer très douloureuses. Elles peuvent aussi être dangereuses pour un jeune bébé humain (comme le sont les morsures d’un chien ou de tout autre animal).
Si les morsures vous effraient particulièrement, le furet n’est probablement pas un choix judicieux. Un animal plus doux, comme le cobaye, pourrait mieux vous convenir.
Avez-vous de jeunes enfants ? Prévoyez-vous d’en avoir ?
Si vous avez des enfants ou si vous prévoyez d’en avoir, vous devrez vous assurer de ne jamais les laisser sans surveillance avec le furet (comme tout animal), en particulier si vos enfants ont moins de 7 ans. Cette consigne simple semble couler de source ; pourtant nombreux sont les parents à réaliser trop tard que même le plus adorable des furets peut mordre leur enfant…
Aussi gentil et tolérant que soit votre furet, tous les animaux sont tous imprévisibles. On ne le répétera jamais assez.
En cas de grossesse, il faudra aussi vous assurer de ne pas prendre de risque sanitaire inutile en nourrissant votre furet. En effet, même si ce dernier n’est pas vecteur de la toxoplasmose, il existe un risque avec la manipulation de viande crue et de proies mortes. Dans le doute, pourquoi en pas demander à votre conjoint(e) de s’en occuper ?
Avez-vous d’autres animaux ?
Les furets s’entendent généralement bien avec les autres carnivores, mais pas avec les proies potentielles : rongeurs, lapins, petits oiseaux, reptiles. Si vous avez d’autres animaux, il faudra pouvoir séparer le furet des autres animaux à tout moment en cas de problème.
Il est aussi très fortement conseillé de ne pas héberger un furet dans la même pièce que des espèces proies, afin de ne pas provoquer de stress pour les animaux en question. Le furet pourrait être inutilement frustré de ne pas pouvoir croquer vos souris, tout comme vos souris pourraient être terrifiées par l’odeur musquée d’un prédateur.
Si vous n’êtes pas encore découragé(e), alors le furet est peut-être un bon animal pour vous ! Pour en être certain(e), continuez à vous renseigner, à poser des questions et à rencontrer des passionnés ! De nombreux groupes, éleveurs et associations sont disponibles pour vous conseiller au mieux dans le choix de votre futur compagnon.
Par Douchka Brouet
Furetterie Twilight Polecats
Catégories :VOUS ET EUX