CHIEN DE PRAIRIE

A black-tailed prairie dog (Cynomys ludovicianus) at Zoo Atlanta.

Un chien de prairie à queue noire (Cynomys ludovicianus) au Zoo d’Atlanta. (Photo : Joel Sartore)

Dans la famille des petites marmottes américaines, il est une espèce qui séduit de plus en plus d’amateurs de NAC : le chien de prairie à queue noire (Cynomys ludovicianus). Qui est-il, et comment s’en occuper ?

Il existe 5 espèces de chiens de prairie, toutes présentes sur le continent américain :

  • Le chien de prairie du Mexique Cynomys mexicanus)
  • Le chien de prairie de l’Utah (Cynomys parvidens)
  • Le chien de prairie du Colorado (Cynomys gunnisoni)
  • Le chien de prairie à queue blanche (Cynomys leucurus)
  • Le chien de prairie à queue noire (Cynomys ludovicianus)

Seul le chien de prairie à queue noire est élevé par certains spécialistes et amoureux de l’espèce. Nécessitant beaucoup d’espace et l’obtention d’un certificat de capacité pour sa détention dès le premier individu, le chien de prairie est un rongeur exigeant mais passionnant.

Carte d’identité 

Nom commun : chien de prairie à queue noire

Nom scientifique : Cynomys ludovicianus 

Origine : Amérique du Nord

Taille : 30 à 40 cm en moyenne

Poids : selon les individus et les saisons (individus plus gros à l’arrivé de l’hiver) le poids peut être assez variable, de 500 g pour les plus sveltes à plus d’un kilo pour les plus dodus. En captivité, l’obésité est fréquente si l’animal ne dispose pas assez d’espace ou d’activités pour se dépenser. Son alimentation doit aussi être choisie avec précaution.

Couleur : d’apparence brune avec l’extrémité de la queue noire, en observant d’un peu plus prêt le poil de l’animal, il est possible de distinguer la présence de noir et de blanc au sein du pelage.

Longévité : 8 à 10 ans en captivité. Dans la nature, en revanche, les mâles ont une durée de vie nettement moins importante (5 ans en moyenne) de part leur organisation sociale. En effet, les jeunes mâles doivent quitter leur groupe (appelé coterie) s’ils souhaitent se reproduire : les plus anciens mâles sont alors le plus souvent évincés par les jeunes et errent sans la protection des autres chiens de prairie sentinelles : une période délicate durant laquelle ils sont particulièrement exposés aux prédateurs.

Régime alimentaire : majoritairement herbivore, avec parfois quelques insectes (que vous pouvez élever vous-même).

Mode de vie social : grégaires et territoriaux, les chiens de prairie vivent en groupes familiaux composés d’un mâle, de femelles et des jeunes. Leurs codes sociaux sont particulièrement développés et leur langage complexe est élaboré.

Maturité sexuelle : 2 ans

Gestation : un mois

Nombre moyen de petits par portée : 4 à 6 jeunes totalement nus et aveugles

Âge du sevrage : 8 semaines

Statut UICN : préoccupation mineure.

Comportement 

Le chien de prairie à queue noire est un rongeur appréciant tout particulièrement la compagnie de ses congénères. Partageant son quotidien avec les siens, il utilise de nombreuses vocalises, notamment pour signaler la présence de prédateurs. Ce langage serait si élaboré qu’il serait distinct en fonction du type de prédateur. De nombreuses études portent sur la communication de cet animal insolite et nul doute qu’il nous reste encore beaucoup de secrets à découvrir…

En captivité, il est préférable d’adopter au minimum deux chiens de prairie, en même temps si possible afin d’éviter les conflits lors d’une intégration. Les femelles cohabitent bien ensemble, en revanche il est préférable de ne pas avoir plusieurs mâles. Un couple peut aussi cohabiter, ces animaux se reproduisant assez peu en captivité (les conditions requises sont difficiles à mettre en place, notamment les accouplements qui ont majoritairement lieu sous terre).

Il est indispensable de prendre connaissance du caractère particulièrement dangereux du chien de prairie mâle en rut. En effet, durant plusieurs mois (d’octobre à février en moyenne, parfois plus !), le mâle rentre en rut : sous l’effet des hormones, ce dernier devient particulièrement imprévisible et peut soudainement se mettre à mordre alors qu’il se montrait totalement inoffensif auparavant. Les morsures provoquées par ces animaux peuvent être très douloureuses et doivent être soignées avec soin afin d’éviter les complications.

Les femelles ne présentent pas de telles bouleversements comportementaux. En revanche, elles sont souvent plus vives et moins câlines que les mâles. Néanmoins, chaque individu est différent et une femelle peut se montrer très proche de son humain, tandis qu’un autre mâle ne songera qu’à faire son foufou dans son enclos !

Habitat 

Pas de cage ! Les chiens de prairie ne peuvent en effet en aucun cas vivre convenablement dans une cage. Toujours trop petites, les barreaux présentent un risque non négligeable de développement d’un odontome si les animaux se mettent à ronger ces derniers (ce qui arrive le plus souvent s’ils sont maintenus dans des cages à barreaux).

Un spacieux terrarium peut convenir mais il doit être aménagé afin d’offrir à l’animal, certes beaucoup d’espace, mais aussi la possibilité de creuser. En effet, dans la nature les chiens de prairie réalisent de vastes galeries dans lesquelles ils organisent une véritable vie souterraine (lieu de repos, lieu de stockage de nourriture…). De nombreux tuyaux à larges diamètres peuvent aussi être ajoutés afin d’offrir des stimulations aux animaux, ainsi que d’importantes structures en bois où ils pourront grimper en toute sécurité.

L’idéal reste l’enclos : sécurisé dans les profondeurs afin d’éviter la fuite des animaux et l’écoulement des eaux, il offre aux chiens de prairie suffisamment d’espace tout en leur permettant de reproduire des comportements naturels.

Alimentation

Peu répandu en captivité, il n’existe pas d’alimentation toute prête pour les chiens de prairie dans le commerce français. Il est primordial de toujours conserver à l’esprit le caractère herbivore de l’alimentation du chien de prairie. Le foin doit donc être disponible en permanence et en grande qualité. De nombreuses herbes (non traitées !) peuvent être rajoutées ainsi que des légumes. Les fruits ne doivent être distribués qu’avec parcimonie et ne représenter qu’une petite partie de l’alimentation. Quelques insectes peuvent être distribués de temps en temps et peuvent être source d’un enrichissement au sein de l’enclos s’ils sont donnés vivants.

L’ensemble des aliments industriels riches et sucrés doit être banni, les chiens de prairie sont des rongeurs assez gourmands et il n’est pas rare de trouver sur internet de nombreuses vidéos avec des animaux bien trop gros. Pour garder vos chiens de prairie en bonne santé, offrez leur une alimentation saine et au plus proche de celle qu’ils peuvent trouver dans le milieu naturel.

Le saviez vous ?

Mais au fait, pourquoi cette appellation « chien de prairie » ? Alors qu’il s’agit pourtant bien d’un rongeur, son nom fait référence aux cris qu’il émet. La légende raconte qu’il a d’abord été pris pour un chien avec de tels aboiements, avant d’être définitivement identifié comme rongeur !

En captivité, les chiens de prairie continuent à émettre tout une gamme de sons. Son humain peut d’ailleurs tenter de les réaliser à son tour afin de vivre comme dans une véritable coterie avec ses chiens de prairie… en effet, une fois la relation entre l’homme et l’animal bien établie, les animaux saluent régulièrement leur humain en poussant un cri reconnaissable et en jetant leur tête en arrière (parfois jusqu’à tomber à la renverse !) ! Véritable moment de complicité, libre à l’humain de l’imiter…!

Par Audrey Pion

Photo : Joel Sartore