Un mode de vie crépusculaire et une robe violette avec des yeux jaunes ou orange qui brilleraient presque dans le noir… voilà d’où le crabe vampire tient son nom ! Ce petit crustacé spectaculaire est également facile à maintenir, ce qui fait la joie des débutants.
Description
Geosesarma dennerle est un petit crabe d’eau douce originaire du Sud-Est qui ne mesure que 2 à 3 cm. Si la robe se décline dans les tons de violet et de pourpre, le dessus de la carapace est presque entièrement recouvert d’une tache circulaire qui peut varier du jaune au orangé en passant par le mauve et même le blanc, ce qui rend les individus facilement reconnaissables. Les femelles sont moins colorées que les mâles, et plus petites. Les yeux du crabe vampire peuvent aussi varier en coloration. Le jaune vif est le plus courant, mais on observe aussi du orange et même du rouge.

Comportement
Cette espèce n’est pas agressive, pour peu qu’elle soit bien logée et bien nourrie. Le comportement intraspécifique est relativement bon, le cannibalisme est rare. Dans un aquaterrarium ou paludarium de 60 cm de long, vous pouvez maintenir deux couples. Si vous souhaitez établir une petite colonie, optez plutôt pour un grand bac d’1 m. Il est préférable de prévoir plus de femelles que de mâles.
A leur arrivée, vos crabes risquent de se faire discrets pendant plusieurs semaines. Soyez patients ! Beaucoup d’amateurs rapportent une mortalité élevée dans les débuts.

Habitat
Malheureusement, une grande partie de crabes vampires proviennent de prélèvements à l’état sauvage, ce qui induit une acclimatation délicate et pas toujours réussie. Privilégiez l’acquisition de crabes nés en captivité, et essayez de reproduire au mieux leurs conditions de vie originelles afin qu’ils s’adaptent facilement chez vous. Le paludarium est donc la meilleure option.
En raison de sa petite taille de quelques centimètres, le crabe vampire est un hôte de choix pour les petites installations. Contrairement à beaucoup de crabes semi-aquatiques, il s’aventure peu dans l’eau. Certains éleveurs supposent que les individus qui se retrouvent dans l’eau sont en fait les dominés ou ceux qui n’ont pas encore trouvé leur place au sein de la hiérarchie. D’autres suggèrent que ces crabes territoriaux restent attachés à un lieu particulier et qu’une fois qu’ils ont trouvé l’endroit idéal, ils n’en bougent que rarement, que cela soit dans l’eau ou sur la terre ferme.
Quoiqu’il en soit, il convient d’aménager un habitat à 70% terrestre, richement planté, et équipé de nombreuses cachettes (au moins une par crabe). Vous pouvez choisir un enchevètrement de racines et de petites grottes. Si cela n’est pas possible, optez pour une grosse masse de fibres de coco ou de mousse pour terrarium, bien humidifiée. Les crabes y creuseront leurs petits terriers, comme ils le font à l’état sauvage (voir photo).

Pour la partie aquatique, vous avez plusieurs solutions. Vous pouvez composer un aqua-terrarium en pente avec un petit coin d’eau, ou tout simplement ajouter une petite « piscine ». Celle-ci a l’avantage de faciliter le nettoyage et le changement d’eau. Un bol lourd en céramique à fond plat fait parfaitement l’affaire.
Les qualités physico-chimiques de l’eau n’ont pas d’importance, du moment que celle-ci est suffisamment propre et exempte de déchets en décomposition (restes de nourriture par exemple).
En revanche, l’hygrométrie est essentielle : elle doit être de 80% minimum, afin de ne pas poser de problèmes pour les mues. En effet, si l’air est trop sec, les crustacés ont du mal à s’extraire de leur exuvie. Pour favoriser une humidité optimale, vous pouvez vaporiser régulièrement l’intérieur du terrarium avec un brumisateur.
La température devra être comprise entre 25 et 28 degrés. Pour cela, un petit chauffage peut s’avérer utile. L’éclairage ne doit pas être trop fort, les crabes vampires étant des animaux qui sont actifs à l’aube et au crépuscule. Cependant, si leur habitat comporte de nombreuses plantes, il vous faudra respecter les besoins de celles-ci, tout en offrant de nombreuses zones d’ombre aux crabes.
Si votre installation doit être bien ventilée pour éviter les moisissures, attention aux ouvertures trop grandes car les crabes – adultes comme bébés de quelques millimètres – sont des rois de l’évasion !
Ce crustacé étant un prédateur territorial mais aussi une petite bête fragile, il vaut mieux ne pas le faire vivre avec d’autres animaux. Avec des crabes d’autres espèces, une lutte farouche pour le territoire risquerait de faire des blessés, voire des morts. Quant aux crevettes et petits poissons dans la partie aquatique du terrarium, ils se transformeraient vite en casse-croûte…
Alimentation
Le crabe vampire n’est pas difficile à nourrir, pour peu qu’il ne soit pas stressé à la tombée de la nuit, quand il commence à s’aventurer à la recherche de nourriture. Ce petit crustacé omnivore est un opportuniste qui mangera tout ce qu’il peut se mettre sous la pince, avec une nette préférence pour la nourriture carnée.
A l’heure des repas, disposez dans une petite mangeoire le menu du jour : pastilles pour crabes, petits morceaux de fruits, vers de vase, vers de farine, grillons, criquets… Malgré sa petite taille, le crabe vampire est un très bon chasseur qui n’hésite pas à s’attaquer à plus gros que lui ! Certains individus sont plus difficiles que d’autres et n’apprécient pas la nourriture sèche, à vous de faire des essais afin de trouver ce qui leur convient.
Reproduction
Chez ces petits crabes d’eau douce, cela se passe comme pour les crevettes favorites des aquariophiles : il y a un mode de reproduction direct ; les œufs donnent naissance à des petits entièrement formés qui ne passent pas par un stade larvaire. Une aubaine pour les débutants ! Cependant, la reproduction ne survient que chez les couples qui sont bien acclimatés, elle n’est pas systématique. Il faut donc être patient et ne pas perdre espoir.
Le mâle est facilement reconnaissable par son patron de coloration plus vif. Mais on peut aussi observer le dimorphisme sexuel en examinant l’abdomen des crustacés : chez le mâle, le ventre porte une marque en forme de V qui représente le plastron, un « bouclier ventral ».

Chez la femelle, le plastron est arrondi, beaucoup plus large, et recouvre tout le dessous du ventre. Ce bouclier a une fonction bien précise : porter les œufs et les protéger.


Si les crustacés vivent dans de bonnes conditions, la femelle peut produire des œufs environ deux fois par an. Ceux-ci sont au nombre de 50 en moyenne, et mesurent 1 mm. L’incubation dure plusieurs semaines, pendant lesquelles la femelle ne se montre pas. C’est ainsi que certains amateurs pensent qu’elle est morte quelque part dans un recoin caché du terrarium…
Une fois que les petits sont nés, on peut parfois les observer sur le dos de leur maman. Ils finissent par s’éloigner au bout de quelques semaines, pour se fondre dans le décor. Ils y arrivent facilement et il est très dur de les repérer, parce qu’ils ne sont pas encore colorés comme les adultes. Les couleurs n’apparaissent qu’au bout de quelques mois et les juvéniles atteignent leur taille adulte au bout de 6 à 9 mois environ. Il est difficile de donner des indications exactes sur la durée de la croissance, car tout dépend des conditions de vie en captivité, de la température, de l’alimentation, etc.
Si vos crabes se sont bien adaptés à leur nouvelle vie chez vous, avec le temps vous aurez peut-être la chance d’apercevoir quelques jeunes vampires se faufiler discrètement dans le décor. La vision de tous ces petits yeux jaunes à la tombée de la nuit est une belle récompense qui vaut vraiment le détour !
Par Marie-Sophie Germain
Photos : Chris Lukhaup
Catégories :PALUDARIUM