Depuis quelques années, il est de plus en plus fréquent de trouver des hérissons d’Europe (Erinaceus europaeus) orphelins ou blessés, notamment à cause de la destruction progressive de leur habitat, de la prédation par les chats errants et des accidents routiers toujours plus nombreux dont ils sont victimes. Comment réagir si vous avez croisé le chemin de hérissons visiblement mal en point ou orphelins ?
Attention : espèce protégée
Depuis la proclamation de l’arrêté ministériel du 17 avril 1981, le hérisson européen est inscrit sur la liste des espèces protégées sur l’ensemble du territoire français. À ce titre, il est strictement interdit de le transporter, de le capturer ou de le détenir en captivité – il est donc illégal de garder chez soi un hérisson orphelin ou blessé, même avec les meilleures intentions du monde.
Si vous trouvez un hérisson sauvage en difficulté, qu’il soit blessé ou orphelin, votre premier réflexe doit être de contacter le centre de sauvegarde de la faune sauvage le plus proche de chez vous. Le site internet de l‘Union Française des Centres de Sauvegarde pourra vous aider à trouver l’organisme dont vous dépendez géographiquement. Si vous ne pouvez pas vous déplacer pour amener le hérisson, le centre pourra peut-être envoyer un rapatrieur (bénévole) pour venir chercher l’animal.
Quand intervenir ?
De nombreuses personnes, croyant bien faire, ramassent de jeunes hérissons trouvés en train de se promener dans leur jardin à la nuit tombée… Grave erreur ! La plupart du temps, il s’agit simplement de petits en voie d’apprentissage, qui suivent leur mère dans ses déplacements.
La même erreur est souvent commise avec les hérissons adultes trouvés endormis en hiver dans un tas de feuilles ou sous une pile de branchages : ils sont simplement en train d’hiberner, et n’ont aucunement besoin de l’aide des humains !
En revanche, il faut intervenir immédiatement si vous rencontrez :
- Un hérisson victime d’un choc routier, encore en vie
- Un hérisson présentant des plaies sur le corps
- Un jeune rose et nu (faible chance de survie)
- Un animal apathique et froid
- Un jeune qui a passé plusieurs heures au même endroit sans se déplacer du tout
Que faire en attendant de rejoindre le centre ?
Vous avez contacté un centre, et vous attendez qu’un rapatrieur vienne chercher le hérisson ? Quelques précautions permettront d’augmenter ses chances de survie:
- Placez-le dans une boîte en carton ou une petite cage à rongeur : ne laissez en aucun cas le hérisson vagabonder librement.
- Mettez la boîte ou la cage dans une pièce sombre et silencieuse : les bruits domestiques, les odeurs et la présence humaine sont des sources de stress intense pour un animal sauvage.
- Mettez une source de chaleur dans la boîte ou la cage : une bouillotte recouverte de sa housse ou d’un linge épais fera l’affaire.
- Ne touchez pas le hérisson : laissez-le tranquille dans sa pièce.
- Ne lui donner rien à manger ni à boire : vous risqueriez d’aggraver sa santé.
- Ne laissez pas vos animaux de compagnie l’approcher : cela causerait du stress au hérisson, sans compter les possibles risques sanitaires.
Dans le cas où aucun centre de soins ne pourrait prendre en charge l’animal dans un intervalle de 12 heures, mieux vaut l’apporter chez un vétérinaire : la loi oblige en effet ces professionnels de santé à prendre en charge gratuitement les animaux de la faune sauvage en détresse.
Le cas spécifique des hérissons orphelins
Pour les jeunes non sevrés comme pour les adultes blessés, il est impératif de contacter un centre spécialisé. Cependant, si les circonstances vous obligent à garder chez vous un hérisson non sevré pendant plus de 12 heures, le laisser sans soins ni nourriture peut lui être fatal. Vous devrez donc peut être jouer les mères de substitution durant quelques heures.
Assurez-vous que le jeune hérisson soit toujours au chaud : pour cela, utilisez si possible une bouillotte plate (utilisable au micro-ondes) ou un tapis chauffant à thermostat. Si le petit était particulièrement froid et affaibli lorsque vous l’avez trouvé, laissez-le se réchauffer avant de tenter un quelconque autre soin.
Si vous avez une balance de cuisine, prenez quelques minutes pour peser le ou les petits hérissons découverts. Ce poids de référence vous permettra d’avoir une idée du nombre de repas à administrer : en-dessous de 30 grammes, il faut nourrir les bébés toutes les 2 heures jour et nuit. À partir de 30-40 grammes, les repas peuvent être plus espacés et se limiter à 8 le jour et 2 la nuit.
Si les circonstances vous obligent à nourrir les orphelins, n’utilisez jamais de lait de vache ni aucun lait maternisé pour rongeurs (jamais de lait TVM). Le meilleur lait maternisé pour le hérisson est l’ESBILAC, cependant le lait Royal Canin Babycat peut également convenir. Le dosage est d’une dose de lait pour 2 doses d’eau tiède, à administrer dans une seringue de 1 ml sans tétine.
Avant et après chaque nourrissage, il est indispensable de stimuler manuellement la miction et la défécation des bébés, en massant la zone située entre l’anus et les organes génitaux avec un coton-tige imbibé d’eau tiède. En effet, les très jeunes hérissons ne sont pas encore capable de se soulager seuls.
À partir du poids de 100 grammes, les jeunes hérissons peuvent manger quelques aliments solides : pâtée pour chat, croquettes pour chaton gonflées avec du lait ESBILAC ou Babycat, viande hachée de bœuf écrasée et allongée d’un peu d’eau…
Même si leur séjour chez vous ne dure qu’une nuit, gardez vos distances avec les petits hérissons : ne les caressez pas, de les câlinez pas. Contentez-vous de les nourrir et de les laisser tranquilles ; afin de ne pas causer de phénomène d’imprégnation (identification de l’animal à l’espèce humaine).
Dans tous les cas, gardez en tête que les soins effectués à domicile restent théoriquement illégaux. Les animaux devront être pris en charge aussi rapidement que possible par un centre, d’autant qu’ils souffrent peut-être de maladies que vous n’auriez pas détectées par manque de connaissances. Leur prise en charge par des professionnels augmentera sensiblement leurs chances de survie.
Par Douchka Brouet
Furetterie Twilight Polecats
Catégories :COUSINS SAUVAGES, PROTECTION ANIMALE