Petit, coloré, original et considéré comme facile d’entretien, le combattant ou betta (Betta splendens) est bien souvent le premier poisson des aquariophiles débutants. Même si son faible coût incite à l’achat compulsif, il vaut mieux bien se renseigner avant d’accueillir cette petite bête à écailles. NAC Magazine vous explique comment prendre soin de ce joli poisson asiatique.
Attention, poisson bagarreur !
Tout d’abord, il faut savoir que la majorité des combattants vendus en magasin sont des mâles, domestiqués depuis plusieurs siècles et sélectionnés pour leur agressivité.
En effet, dans la nature, cette espèce est solitaire et le mâle protège jalousement sa femelle des tentatives de séduction des autres mâles. Ce trait de caractère a été soigneusement conservé afin de permettre la mise en place de combats de poissons mâles (comparables aux combats de coqs ou de chiens), une activité encore pratiquée dans plusieurs pays asiatiques.
Très territorial, le combattant mâle ne peut pas supporter de vivre avec un congénère de même sexe. Le simple fait de voir son reflet dans un miroir suffit à déclencher des charges agressives de sa part !
Il faut donc absolument le maintenir seul, sans autre mâle de son espèce ni autre poisson à voilures (guppies, scalaires, gouramis, etc). En revanche, les poissons de petite taille tels que les tétras cuivre ou les Corydoras nains peuvent bien s’entendre avec cette espèce. Pensez à bien vérifier que les paramètres aquariologiques des deux espèces sont compatibles avant d’envisager d’enrichir l’environnement du combattant.
En ce qui concerne les femelles, une maintenance en petit banc (de 3 à 6 individus) est envisageable au cas par cas, si elles cohabitaient déjà chez l’éleveur et qu’elles disposent d’un volume minimum de 80 litres. Cette pratique est toutefois controversée, car le risque d’agressions et de combats n’est jamais totalement écarté.
Un vrai aquarium sinon rien
Contrairement aux idées reçues véhiculées par les vendeurs d’animalerie, le betta ne doit pas être maintenu dans un bocal ou un vase, mais dans un véritable aquarium filtré et chauffé !
Si ce poisson est biologiquement capable de survivre dans de très petits volumes d’eau lorsque les conditions l’y contraignent, il ne s’agit absolument pas d’un mode de vie acceptable sur le long terme – de la même manière qu’un chien ne peut pas vivre pleinement en étant maintenu toute sa vie en cage.
Afin de garantir son bien être physique et mental, ce poisson asiatique a besoin d’un volume d’eau de 20 litres au minimum. Un volume de 50 à 60 litres est toutefois conseillé, et plus si vous en avez la possibilité. Bien sûr, l’aquarium devra être dûment préparé en amont, pour garantir la mise en place du cycle de l’azote (ce qui peut prendre jusqu’à 4 semaines).
L’eau doit être filtrée, si possible avec un filtre spécial combattant qui génère peu de courant, car les voilures du betta ne lui permettent pas de nager efficacement face au courant. Il est aussi primordial de maintenir le milieu à une température constante d’environ 25°C, grâce à un chauffage adapté au litrage du bac. Les petits chauffages « spécial combattant » vendus en animalerie sont à éviter, car ils sont inefficaces pour des volumes d’eau supérieurs à 10 litres.
Les paramètres aquariologiques recommandés sont les suivants :
pH |
Dureté |
Température |
6 à 7,5 |
3 à 12°GH |
22 à 28°C |
Intimité et distraction, les maîtres-mots du bien être
Bien que curieux et bagarreur, le betta reste toutefois un poisson qui apprécie l’intimité. Il faut absolument lui fournir des cachettes et des zones aveugles (parties de l’aquarium sans vision directe avec l’extérieur) pour diminuer son stress et lui permettre de se reposer en toute tranquillité. En effet, beaucoup de combattants apprécient de se réfugier dans leur abri pour piquer un petit somme.

Une manière à la fois ludique et esthétique de fournir de l’intimité à votre combattant consiste à planter généreusement votre aquarium. Pour cela, il vous faudra installer un substrat nutritif à la base de votre aquarium, qui sera recouvert par du sable fin de rivière ou tout autre substrat non abrasif, pour protéger les fragiles voilures de votre poisson.
Si vous n’avez pas prévu de substrat permettant de planter des végétaux, vous pouvez utiliser des plantes flottantes, qui offriront également un abri douillet à votre poisson.
Comme beaucoup de poissons, le combattant est bien plus intelligent qu’on ne le croit. Il apprécie particulièrement les distractions : feuille de cattapa qui flotte à la surface, proies vivantes lâchées de temps en temps dans l’aquarium, lentilles d’eau avec lesquelles jouer… Il est même possible de dresser son combattant à réaliser de petits « tours », comme venir quand on souffle à la surface de l’eau, ou suivre une petite cible.
Une santé à surveiller de près
Le revers de la médaille d’une longue domestication n’épargne pas le combattant : sélectionné pour présenter des voilures très longues et ondoyantes, ainsi qu’un dos assez vouté, il peut facilement souffrir de déchirure des nageoires et de malformation dorsale. Pour cette raison, il est plus judicieux de choisir une variété à voilures courtes (Plakat), moins sujettes aux lacérations des nageoires.
Par ailleurs, les conditions d’élevage lamentables que subissent l’immense majorité des combattants d’animalerie ont des conséquences sur la santé des poissons à long terme. Immunodéprimés, soumis à un stress intense, ils sont plus sujets aux maladies que des animaux élevés chez de petits aquariophiles passionnés.
Il est donc très important de contrôler quotidiennement l’aspect physique de son betta, et de ne pas traîner à intervenir en cas de problème. Si votre petite bête est malade malgré des paramètres aquariologiques optimaux, consultez un vétérinaire compétent en matière de poissons (oui, cela existe !). Il est parfois possible de détecter la maladie dont souffre votre betta grâce à une analyse d’eau effectuée en laboratoire, ce permettra au vétérinaire de vous fournir un traitement adéquat.
Dans la mesure du possible, il est conseillé de maintenir en permanence chez soi un bac-infirmerie cyclé, chauffé et filtré, afin d’accueillir votre poisson malade lors de son traitement médical. Ceci permet l’administration optimale des médicaments, sans affecter l’équilibre de l’aquarium principal.
L’importance d’une bonne alimentation
Les vendeurs d’animalerie ont trop souvent tendance à vouloir faire passer le combattant pour un poisson économe en nourriture, ce qui n’est pas forcément le cas !
Si les frais d’alimentation de ce minuscule animal sont bien inférieurs à ceux d’un chien ou d’un cochon d’Inde, il n’est pas aussi bon marché qu’il n’y paraît. En réalité, la majorité des aliments pour betta vendus en magasin sont déséquilibrés, trop pauvres en protéines et trop riches en ingrédients végétaux. Or ce poisson carnivore, qui se nourrit principalement de petits invertébrés, a besoin d’aliments protéinés (minimum 45%) de qualité. Les proies vivantes ou surgelées sont à privilégier : artémias, larves de moustiques, daphnies…
Il est tout à fait possible d’alterner proies et granules de bonne qualité au cours de la semaine.
La nourriture sera distribuée 1 à 2 fois par jour, tous les jours – et non 2 fois par semaine comme l’assènent certains vendeurs d’animalerie ! Aux vues de la taille microscopique de l’estomac du betta, 2 à 3 granules ou 3 à 5 petites proies sont bien suffisantes.
Si vous nourrissez trop ou trop peu votre poisson, vous le constaterez directement en observant sa corpulence. Il ne doit pas être trop fin, ni avoir l’air ballonné.
Vous l’aurez compris : le betta n’est pas un objet décoratif qu’on place dans un vase sur le bureau, mais un vrai poisson dont les besoins doivent être scrupuleusement respectés. En suivant ces quelques consignes simples, vous pourrez espérer passer 3 à 5 ans en compagnie de votre petit compagnon à écailles.
Par Douchka Brouet
Furetterie Twilight Polecats
Catégories :AQUARIUM, AUTRES NAC