Comme pour les chiens et les chats de compagnie, on conseille désormais de stériliser les furets non destinés à la reproduction. Si vous pensez qu’il s’agit là d’un simple acte de confort pour la famille humaine, détrompez-vous : chez la furette (femelle du furet), la stérilisation est une précaution vitale ! En effet, si elle est laissée entière sans se reproduire, elle risque de développer une maladie mortelle appelée hyperœstrogénisme.
NAC Magazine vous explique le pourquoi du comment…
Qu’est-ce que l’hyperœstrogénisme ?
Sous ce nom un peu compliqué se cache une maladie parfois surnommée « Maladie de la furette » – et pour cause : il s’agit d’une spécificité des Mustélidés, qu’on ne retrouve pas chez les autres espèces animales sauf dans des cas de désordres hormonaux généralisés.
Les furettes, comme les chattes, ont une ovulation induite, c’est-à-dire qu’elles n’ovulent qu’une fois la saillie effectuée. Tant que l’accouplement n’a pas eu lieu, elles restent dans une période d’œstrus (chaleurs) caractérisée par un taux très élevé d’œstrogènes (hormones femelles) dans le sang.
Avec le temps, l’exposition prolongée de l’organisme à un taux élevé d’œstrogènes finit par affecter la moëlle osseuse et par causer une anémie grave : l’aplasie médullaire. Le nombre de cellules sanguines, telles que les globules rouges et les plaquettes, chute de manière spectaculaire, causant des difficultés respiratoires, des hémorragies et une atteinte immunitaire. Si la furette n’est pas prise en charge rapidement dès l’apparition des premiers symptômes, sa vie est en danger !
On estime que le risque d’aplasie devient très important à partir de 4 semaines de chaleurs sans saillie.
Quels sont les symptômes ?
On reconnaît aisément une furette en chaleurs à sa vulve enflée (turgescence), bien rose et humide (photo ci-dessus).
Dans le cas de chaleurs évoluant vers un hyperœstrogénisme, on constate une perte de poils (alopécie) symétrique, principalement au niveau du ventre, ainsi qu’un amaigrissement rapide. La furette se montre apathique, fatiguée, et peut cesser de se nourrir. En l’absence de prise en charge médicale, les muqueuses finissent par devenir pâles (signe d’anémie) et l’animal développe une paralysie des membres postérieurs.
Si rien n’est entrepris, la furette finira par décéder des suites de l’aplasie médullaire
Si la furette n’est pas destinée à se reproduire, il est capital de réagir le plus tôt possible à l’apparition des chaleurs. Lorsque la vulve commence à enfler, il est temps de consulter un vétérinaire. S’il s’agit d’une furette reproductrice, l’idéal est de la faire saillir dès que sa vulve atteint le maximum de sa turgescence, en général à partir de 2 semaines d’œstrus.
Comment protéger sa furette ?
La stérilisation reste la meilleure façon de protéger sa furette. On peut y avoir recours dès l’âge de 6-7 mois.
La pose d’un implant contraceptif hormonal est conseillée, car elle expose moins l’animal au risque de développer une maladie surrénalienne (tumeurs des glandes surrénales). L’implant devra alors être renouvelé en moyenne tous les 3 ans.
Il est aussi possible de stériliser chirurgicalement sa furette. Dans ce cas, il faut privilégier une ovario-hystérectomie (ablation des ovaires et de l’utérus) car cela permet d’écarter le risque d’infection utérine ultérieure. Cette forme de stérilisation est toutefois corrélée à un plus grand risque de maladie surrénalienne, raison pour laquelle les vétérinaires conseillent désormais la pose d’un implant hormonal en parallèle, afin de protéger les glandes surrénales sur le long terme.
Ma furette est déjà en chaleurs : que faire ?
Si la furette est déjà en chaleurs avant sa stérilisation, votre vétérinaire devra arrêter les chaleurs avant de procéder à la stérilisation. Pour ce faire, il devra injecter à l’animal des hormones destinées à causer l’ovulation et à faire chuter le taux sanguin d’œstrogènes. En fonction de l’état de santé de votre furette, une numération de formule sanguine (NFS) sera peut-être nécessaire afin de déterminer si la moëlle osseuse a été atteinte.
Dans tous les cas, si la furette présente déjà une perte de poils, il s’agit d’une urgence médicale ! Ne traînez pas pour l’emmener chez le vétérinaire !
Mais je voulais reproduire ma furette !
Bien qu’il soit tentant de faire naître de mignons petits furetons, les risques courus par la furette sont très importants : anémie, paralysie, voire mort. Autant dire qu’aux vues de ces éléments, la reproduction du furet est loin d’être un jeu ou un acte anodin. En-dehors des considérations morales de faire naître de nouveaux animaux dans un monde rempli de furets abandonnés, ou bien des questions de sélection génétique, la reproduction reste un facteur de mortalité majeur pour les furettes et leurs petits.
À moins de souhaiter devenir éleveur, ou bien d’avoir un véritable projet mûrement réfléchi en partenariat avec votre vétérinaire NAC, mieux vaut laisser cela aux professionnels et faire stériliser votre furette !
Par Douchka Brouet
Furetterie Twilight Polecats
Catégories :SANTÉ