COMPORTEMENT

Le langage des rats et des souris décodé !

Que ressentent les rats et souris de laboratoire sous l’emprise de médicaments psychotropes qui sont testés sur elles ? C’est ce qu’a voulu savoir une équipe de chercheurs aux Etats-Unis, en inventant un procédé afin de décrypter le langage des rongeurs.

Lors d’études dans le cadre de la recherche médicale, quand des substances sont testées sur des rongeurs, il est possible de tirer des conclusions grâce à l’analyse de leur comportement, par exemple, ou bien de leur appétit, de leur taux de cortisol, leur rythme cardiaque, etc. Mais que sait-on vraiment du mental, de ce qui se passe « dans la tête » d’un rat ou d’une souris, de ce qu’il pense, de comment il se sent réellement ?

Afin de le savoir, une équipe dirigée par le pharmacologue Kevin Coffey, de l’École de Médecine de l’Université de Washington (Etats-Unis) a eu une idée de génie : essayer de décoder ce que se racontent les rongeurs ! Avec ses collègues, il a alors mis au point une intelligence artificielle nommée DeepSqueak, qui détecte les ultrasons émis par les rongeurs et les analyse en un temps record. (Il faut savoir que les rats et les souris communiquent vocalement à l’aide d’ultrasons, inaudibles à l’oreille humaine).

« C’est une fenêtre ouverte sur l’état mental des souris »

Russel Marx, co-auteur de l’étude publiée dans la revue scientifique Nature, explique : « c’est une fenêtre ouverte sur l’état mental des rongeurs. L’intelligence artificielle utilise des algorithmes biomimétiques qui apprennent à isoler les vocalisations ».

Ainsi, le logiciel DeepSqueak a rapidement appris à déchiffrer des sons, structures syllabiques et phrases, et à les assimiler à « l’état d’esprit » des rongeurs. Tous ces vocalisations sont ensuite « traduites » en sons que nous pouvons entendre et arriver à reconnaître.

Lorsqu’un rat reçoit un morceau de sucre, par exemple, il gazouille joyeusement. En revanche, si on le lui retire, il « se plaint ». Et lorsqu’une femelle est dans les parages, les mâles émettent des chants très élaborés (ce qui confirme d’autres découvertes révélées en 2018) !

Vous pouvez voir un court reportage (en anglais) et entendre les vocalisations des rats de l’équipe de Kevin Coffey :

Le but du projet DeepSqueak n’est pas seulement d’améliorer l’efficacité des traitements psychotropes testés sur les rongeurs (en décodant encore mieux leur mental), mais également d’améliorer leur bien-être. C’est pourquoi les chercheurs offrent le logiciel gratuitement sur GitHub, espérant que d’autres équipes de recherches l’utiliseront également.

Par Marie-Sophie Germain

Photo : Diane Ozdamar