Nous avons déjà eu l’occasion de vous présenter la famille des Mustélidés, à laquelle appartiennent nos furets de compagnie. Aujourd’hui, NAC Magazine vous invite à découvrir d’un peu plus près les espèces de Mustélidés présentes en France, afin que ces animaux n’aient plus de secret pour vous !
Portraits de famille
La France compte à elle seule 8 espèces de Mustélidés naturellement présentes : la belette, l’hermine, le putois, le vison européen, la loutre, la martre des pins, la fouine et le blaireau.

La belette d’Europe (Mustela nivalis) est le plus petit mammifère carnivore du monde. Mesurant en moyenne 18 cm de long du bout du museau à l’extrémité de la queue, ce prédateur de poche est capable de se glisser dans les galeries de 2,5 cm de diamètre (la taille d’une pièce de 2 euros) pour croquer les mulots et les campagnols qui y vivent ! Spécialisée dans la chasse aux micromammifères, elle adapte son nombre de portées par an aux effectifs de petits rongeurs.

L’hermine d’Europe (Mustela erminea) est souvent confondue avec la belette, en raison de leur aspect très proche. Pourtant, quelques astuces permettent de les différencier : l’hermine est plus grande (en moyenne 37 cm queue comprise), avec une queue beaucoup plus longue, et la démarcation entre son dos brun et son ventre blanc est très nette, alors que celle de la belette est irrégulière. Le toupet noir de sa queue constitue aussi une différence facile à repérer : l’hermine s’en sert comme d’un leurre qu’elle agite aux yeux des prédateurs pour mieux s’échapper de situations périlleuses…

Beaucoup plus proche de notre furet, puisqu’il s’agit de son ancêtre en ligne directe, le putois d’Europe (Mustela putorius putorius) est lui aussi un chasseur de rongeurs, même s’il est beaucoup plus opportuniste que la belette et l’hermine. Chez lui, les batraciens, les oisillons, les lapins et même quelques fruits figurent au menu ! Très reconnaissable grâce au masque foncé qui lui barre le visage, il est aussi célèbre pour les cris aigus très impressionnants qu’il émet lorsqu’il se bat ou se sent acculé – d’où l’expression « Crier comme un putois » !
Le putois pourrait facilement être confondu avec le vison européen (Mustela lutreola) en raison de leur taille et de leur couleur proches, si ce dernier n’était pas pratiquement éteint… En effet, ce petit prédateur habitué des zones humides a vu ses effectifs s’effondrer avec la destruction d’un grand nombre de marais et d’étangs. L’introduction involontaire en Europe des ragondins (qui détruisent les berges) et des visons américains (qui lui font concurrence) ont presque achevé la population française de visons d’Europe, déjà affaiblie par la consanguinité. On en recense toutefois un petit millier d’individus en Roumanie, et cette espèce fait l’objet de programmes d’élevage conservatoire dans plusieurs parcs zoologiques.

Restons dans les zones humides, plus précisément aux abords des cours d’eau, où vit un redoutable pêcheur : la loutre d’Eurasie (Lutra lutra). Longtemps jugée nuisible et décimée pour sa fourrure, elle souffre encore aujourd’hui de la destruction de son habitat et de la pollution des rivières. Les efforts de préservation déployés depuis une quarantaine d’années portent toutefois leurs fruits, car ses effectifs se remplument tout doucement.
Dotée de larges pattes palmées, d’un poil de garde imperméable et de clapets permettant de fermer hermétiquement ses narines et ses oreilles sous l’eau, la loutre est parfaitement adaptée à la capture des poissons et des crustacés, qui constituent une grande partie de son alimentation.

Changeons de niche écologique et découvrons la martre d’Europe (Martes martes) et la fouine (Martes foina) ! Munies d’une longue queue servant de balancier, de larges pattes griffues capables de s’accrocher fermement et d’une musculature conçue pour bondir, ces Mustélidés aux allures de chat mènes une vie de chasseurs arboricoles.
Si la martre est spécialisée dans la prédation des écureuils et préfère le milieu forestier, la fouine quant à elle n’hésite pas à se rapprocher des habitations humaines, dont elle apprécie la chaleur et le confort…Si vous ne souhaitez pas partager votre grenier ou votre grange avec une fouine, pensez à vérifier l’étanchéité de votre toiture – son mode de vie nocturne et bruyant en fait une colocataire assez passable !
On peut différencier la martre de la fouine en se basant sur la forme de leur bavette, cette tâche colorée qui orne leur gorge : chez la fouine, elle prend la forme d’une fourche, tandis que celle de la martre est plutôt en forme de plastron pointu.

Enfin, aux pieds des arbres qu’affectionnent martres et fouines, on peut parfois apercevoir un grand amateur de champignons et de glands: le blaireau eurasien (Meles meles). Aussi surprenant que cela puisse paraître, cet animal massif pouvant atteindre 20 kg se nourrit principalement de vers de terre ! Cependant, en tant qu’omnivore opportuniste, il n’est pas difficile : son menu varie en fonction des saisons, et comprend aussi bien des fruits que des rongeurs, batraciens, oisillons tombés du nid, hérissons…
Très territorial, ce terrassier vit en famille au sein d’un réseau de terriers transmis par ses parents. Il y aménage des celliers, des chambres et même des latrines !

En dehors des 8 espèces précédemment citées, on peut aussi croiser en France des visons d’Amérique (Neovison vison). Bien qu’originaires du continent américain, ces animaux ont été introduits en Europe il y a plus d’un siècle pour être élevés au sein d’élevages à fourrure appelés visonnières. Suite à des échappées accidentelles et à des lâchers de la part d’activistes anti-fourrure, ils ont pu s’installer dans nos campagnes, où ils causent des problèmes écologiques. En effet, le vison d’Amérique occupe la même niche écologique que le vison européen, tout en étant beaucoup plus grand que son cousin. Il a donc facilement le dessus en cas de cohabitation et consomme beaucoup plus de ressources alimentaires que le vison européen. C’est pourquoi il est considéré comme invasif en France et fait l’objet de campagnes d’éradication.
Statut légal
En France les Mustélidés sont malheureusement des animaux plutôt méconnus et mal aimés, et la majorité des espèces ne bénéficient d’aucun statut de protection. Le blaireau est classé comme gibier et peut être débusqué au cœur même de son terrier. Le putois, la belette et la fouine sont inscrits sur la liste des animaux nuisibles.
La martre, quant à elle, à eu la chance d’être déclassée nuisible en 2014. Seuls la loutre et le vison européen bénéficient d’efforts de conservation, au titre d’espèces protégées.
La détention de Mustélidés sauvages en captivité est soumise à des conditions légales, allant de la simple déclaration en préfecture à l’obligation d’être titulaire d’un certificat de capacité. Si vous trouvez une jeune fouine non sevrée dans vos combles, vous n’avez donc pas l’autorisation de la garder à la maison comme animal de compagnie – mieux vaut l’amener à un centre de sauvegarde de la faune sauvage.
Par Douchka Brouet
Furetterie Twilight Polecats
Catégories :COUSINS SAUVAGES