Depuis quelques années, la mode est aux furets de plus en plus grands, bien éloignés des anciens furets de chasse de nos grands-parents ! Certains sujets particulièrement grands sont impressionnants: avec un poids pouvant atteindre 4 kg pour un mâle et plus de 2 kg pour une femelle, ils se rapprochent d’avantage du chat que du furet !
Cette course au gigantisme fait de plus en plus d’émules, au point que certains particuliers et éleveurs débutants sont prêts à payer une fortune pour importer des furets géants venus de l’étranger. Pourtant, ces furets XXL sont loin d’être des compagnons idéaux….

En effet, l’immense majorité des furets géants que l’on peut voir en photo sur les réseaux sociaux sont issus de lignées russes… élevées pour leur fourrure ! Rescapés de fermes d’élevage puis reproduits par des particuliers, ces furets destinés au départ à un sort funeste sont désormais disponibles en tant qu’animaux de compagnie dans plusieurs régions de Russie et auprès de quelques éleveurs danois et suédois.

Malheureusement, leur santé laisse à désirer et ils vivent rarement plus de trois ans ! Ce sont leurs origines qui sont directement en cause : accouplés exclusivement selon des critères de couleur et de taille (un animal plus grand fournit plus de peau), leurs ancêtres n’ont jamais fait l’objet d’une sélection basée sur la santé ou la longévité.

Comme si cela ne suffisait pas, l’effet de mode viral qui entoure les géants russes amène certains particuliers et éleveurs peu scrupuleux à reproduire à l’aveugle des animaux apparentés ; soit parce qu’ils ne disposent pas de leurs généalogies complètes, soit parce qu’ils ignorent purement et simplement les questions éthiques… Autant dire que ces animaux sont bien souvent hautement consanguins.

Se rajoute un tempérament qui n’est pas toujours des plus agréables : tout comme les visons d’Amérique (Neovison vison) sélectionnés pour leur fourrure, ces furets slaves ne sont à l’origine pas destinés à être des animaux de compagnie doux, tolérants et manipulables. Nombre d’entre eux se révèlent de piètres compagnons pour une famille, car trop craintifs et mordeurs pour être manipulés.

Enfin, difficile de savoir quel impact ce gigantisme peut avoir sur la santé globale des animaux. Il n’y a pas assez de données disponibles concernant leur croissance, leur longévité et leurs antécédents médicaux. Les éleveurs à fourrure sont généralement réticents à partager leurs observations sur la question, et leurs furets sont de toute façon destinés à être abattus très jeunes – bien avant que de possibles cancers, dysplasie de la hanche ou problèmes cardiaques ne se soient déclarés !

Moralité : mieux vaut se contenter d’un furet bien de chez nous, d’une taille normale pour son espèce, plutôt que de payer des sommes astronomiques pour importer un géant russe qui risque de mourir à l’âge de 4 ans. Votre futur compagnon et votre porte-monnaie vous en seront reconnaissants !

Par Douchka Brouet
Furetterie Twilight Polecats