ESPÈCES/RACES

Tout sur le sugar glider

Le sugar-glider est un charmant petit mammifère, souvent confondu à tort avec un écureuil volant. La maintenance de ce marsupial exotique exige des connaissances et des soins spécifiques très pointus, et il est formellement déconseillé à tout amateur non averti !

Carte d’identité

Nom commun : sugar glider, phalanger volant, possum de Tasmanie, planeur à sucre
Nom scientifique : Petaurus breviceps
Origine : Tasmanie
Taille-Poids : 30 cm environ, queue comprise ; 90 à 150 g
Température corporelle : 35,8 – 36,6 °C (moyenne 36,3°C)
Longévité : 5 à 9 ans dans la nature ; 10 à 15 ans en captivité
Régime alimentaire : insectivore et nectarivore
Mode de vie sociale : grégaire (en groupe)
Maturité sexuelle :  12 – 14 mois pour le mâle ; 8 – 12 mois pour la femelle
Gestation : 15 – 17 jours jours
Nombre de petits : 1 ou 2
Développement dans la poche marsupiale : 60 à 74 jours
Âge au sevrage : 110 – 120 jours
Statut : espèce non domestique nécessitant l’obtention d’un certificat de capacité.

Description

Tout d’abord, mettons fin à une idée reçue : le sugar glider n’est pas un écureuil volant ! C’est un marsupial et non un rongeur. Côté gabarit, il est un peu plus petit qu’un cochon d’Inde. Les individus élevés en captivité ont un gabarit moindre que ceux qui vivent à l’état sauvage. Le corps mesure entre 16 et 21 cm pour un individu sauvage (entre 12 et 18 pour un possum de compagnie), et la queue présente la même longueur. La tête est triangulaire. Les oreilles en cornet sont bien développées. Elles sont constamment en mouvement et bougent indépendamment l’une de l’autre. En tant qu’animal nocturne, le sugar glider présente de grands yeux adaptés à une vision dans l’obscurité totale, présentant plus de bâtonnets que de cônes. Ils sont placés sur les côtés de la tête et non devant, afin de permettre un grand champ de vision. Curieusement, la rétine n’est pas vascularisée et la membrane nictitante est peu développée.

A l’état sauvage, la fourrure fine et soyeuse est de couleur grise. Un masque noir forme un triangle autour de chaque oeil s’étendant jusqu’à la base des oreilles, et une autre tache de la même forme orne le front et se poursuit en épaisse raie noire qui court le long du dos. La queue, longue et touffue est sombre à son extrémité. En captivité il existe de nombreuses autres couleurs (Chocolate, Cinnamon, Platinum, Champagne, Albinos…)

Les membres sont frêles et portent 5 doigts antérieurs et postérieurs. La main compte 5 griffes très acérées qui sont utilisées par le possum pour grimper, rester agrippé aux troncs d’arbres et attraper des insectes. Sur le pied, le premier doigt est opposé aux autres doigts afin d’assurer une meilleure prise et il ne comporte pas de griffe. Les doigts II et III sont partiellement fusionnés : on dit alors que l’animal est syndactyle, c’est-à-dire que l’ensemble forme une sorte de peigne que l’animal utilise lors de sa toilette. C’est également une particularité qui permet de définir l’ordre des Diprodontes auquel appartient le sugar glider.
La surface des coussinets plantaires est striée, permettant une bonne accroche sur les troncs d’arbres lisses.

La queue du possum n’est pas préhensile (il ne peut pas s’en servir comme cinquième membre pour s’accrocher aux branches, comme le font certains primates), mais elle lui sert de balancier et de gouvernail lorsqu’il plane et ”atterrit”.

La famille des Pétauridés à laquelle appartient le sugar glider se caractérise par la présence d’un patagium. Il s’agit d’une membrane de peau qui s’étend de chaque côté du corps, du cinquième doigt de la main jusqu’à la cheville. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, il ne s’agit pas d’un simple repli cutané, mais d’une véritable structure composée de muscles, les humerodorsalis et les tibioabdominalis.
Le sugar-glider ne se sert pas du patagium pour voler, mais plutôt, pour planer et ainsi ralentir et contrôler la chute et l’atterrissage lorsqu’il saute d’arbre en arbre. De cette façon il peut effectuer des vols planés sur une distance de 50 m !
Quand le possum est au repos, le patagium est replié comme une aile en accordéon le long des côtés de l’animal. Mais quand il s’agit de planer, le sugar glider déploie le patagium au moment du saut. Lors du vol plané, il ne peut pas changer de direction, mais seulement ajuster sa trajectoire à l’aide de la queue. A la fin du vol, l’arrivé sur l’arbre se fait verticalement, et c’est là que les griffes acérées jouent un grand rôle.

On dit que le sugar glider est diprondonte, c’est-à-dire qu’il ne possède qu’une seule paire de larges incisives sur la mâchoire inférieure. Celles-ci sont très développées : le sugar glider s’en sert pour soulever l’écorce des arbres afin de récolter la sève dont il se nourrit. A l’inverse de celles des rongeurs et lagomorphes par exemple, les dents ne se renouvellent pas et ne poussent pas en continu.

Le sugar glider est équipé de nombreuses glandes sébacées et sudoripares, dont le rôle est d’assurer l’entretien du pelage. Et les possums des deux sexes possèdent des glandes odorantes, mais elles ne sont pas situées au même endroit. Celles du mâle sont placées sur le haut du front et le haut de la poitrine. Celles-ci sécrètent une substance caséeuse et très odorante afin de marquer le territoire. La glande du front est très visible, et entraîne une dépilation, et comme le mâle la frotte sur des supports afin de marquer son territoire, les débutants prennent souvent ce comportement pour du prurit. La femelle abrite ses glandes odorantes dans la poche marsupiale et se sert plutôt de son urine pour marquer le territoire.

Chez le mâle, les testicules sont situés dans le scrotum, en dehors de la cavité abdominale. On dit que le scrotum est pendulaire, et il est bien visible sur le ventre. Contrairement à la majorité des autres mammifères, les testicules sont placés avant le pénis ! Ils ne deviennent visible qu’à partir du 3è mois.
Le mâle dispose d’un pénis dont l’extrémité bifide est à peu près semblable aux deux hémipénis qu’on retrouve chez les reptiles : ils sont utilisés pour féconder les deux vagins de la femelle.
L’orifice urinaire n’est pas situé au bout du pénis comme chez les autres mammifères, mais à sa base.

En effet, chez la femelle, le tractus génital se décompose en deux vagins séparés, qui sont en partie soudés à la base par un cul-de-sac. Chaque vagin est prolongé par un utérus. Mais contrairement aux autres mammifères, les vagins et les utérus sont situés latéralement par rapport aux uretères.
Autre fait spectaculaire : lors de la ”mise bas”, les embryons ne sortent pas par les vagins, mais par un seul pseudo-vagin qui se trouve entre le cul de sac et le sinus urogénital.

Aussi appelée marsupium, la poche marsupiale ne se retrouve que chez la femelle. Elle est située en position verticale, et comporte quatre tétines à l’intérieur, bien que le nombre de petits par portées ne dépasse pas généralement deux. La poche est fermée par un sphincter (muscle circulaire) et une humidité constante y est assurée grâce à de nombreuses glandes sébacées et sudoripares.

Habitat

Dans la nature, le sugar glider vit dans des zones boisées, plantées d’eucalyptus et d’acacia, dont ils se nourrissent de la sève. En captivité, il faut absolument reproduire ce mode de vie arboricole. Pour un couple, il faut installer une très grande volière pour perroquets. Si vous avez plus de deux sugar gliders, il faut les loger dans une pièce aménagée.

L’habitat doit être équipé de nombreux branchages, écorces de liège et nids en hauteur. Le sugar glider apprécient également les poches fourrées et autre nids douillets. Si vos sugar gliders vivent dans une pièce rien que pour eux, vous pouvez y ajouter des arbres à chat.

Une température constante d’environ 25 degrés est idéale. En dessous de 18 degrés, le sugar glider entre dans une sorte de pseudo-hibernation, un état de torpeur générale qui peut être dangereux pour sa santé.

Comportement

En captivité, le phalanger ne déroge pas à son mode de vie nocturne et arboricole. Il passe la journée à se reposer en hauteur dans un nid, et ne sort qu’en début de soirée pour rester éveillé toute la nuit : recherche de nourriture, communication avec les autres membres du groupe, accouplement…
C’est un petit animal très vif et enjoué qui ne dédaigne pas le contact humain quand il est bien apprivoisé, et qui réagit bien à votre présence. S’il est bien manipulé et connaît la personne, il ne mord pas.

Le sugar glider est très vocal et fait beaucoup de bruit la nuit ! Son répertoire est très vaste : aboiement, ronronnement, bruit de crécelle, sifflement, caquetage, et même chant…

Vie sociale

A l’état sauvage, ce petit marsupial arboricole vit en groupes composés de 7 à 12 individus, qui s’articule autour d’un mâle dominant. La colonie occupe un territoire d’un hectare environ, qu’elle défend farouchement.

On recommande souvent de choisir deux femelles, car on a tendance à croire qu’elles s’entendent mieux entre elles, alors que des mâles ne peuvent pas cohabiter ensemble. Ca n’est pas toujours vrai ! On peut très bien maintenir un groupe de mâles sans problème. Ensuite chez les femelles, les couples ou les groupes mixtes, il y aura toujours – comme chez les mâles – la mise en place d’une hiérarchie, et donc le risque d’éventuels problèmes de dominance !

Alimentation

Dans la nature, l’alimentation du sugar glider varie en fonction des saisons. En été (de novembre à mars), il se nourrit principalement d’arthropodes, car ceux-ci sont très abondants. Ce sont les criquets, les scarabées et les coléoptères qui ont sa préférence, et il ne dédaigne pas quelques araignées et quelques petits mammifères ou oisillons.

En hiver, lorsque les insectes se font plus rares, le possum consomme essentiellement de la gomme d’acacia, de la sève d’eucalyptus, du nectar, ainsi que les miellées produites par les insectes qui se nourrissent de sève, et les sécrétions sucrées que l’on trouve sur les écorces d’eucalyptus blessés.

Globalement, voilà la composition de l’alimentation du sugar glider à l’état sauvage :

  • 40% de gomme d’acacia
  • 30% d’arthropodes (insectes, arachnides…)
  • 11% de sève d’eucalyptus

Il faut à tout prix tenter de reproduire cette alimentation en captivité, en suivant quelques règles très importantes, établies par des éleveurs reconnus :

  • Les protéines doivent représenter au moins 50% de l’alimentation quotidienne (certains auteurs préconisent jusqu’à 75%).
  • Il faut faire attention au rapport phosphore/calcium des aliments : celui-ci doit être de Ca/P = 2, c’est-à-dire qu’idéalement il faut qu’il y ait deux fois plus de calcium que de phosphore. Les arthropodes riches en calcium sont à privilégier.
  • Les jus de fruits et nectars ne composeront pas plus de 10% de l’alimentation.
  • Un complément vitaminique doit être apporté, sous forme de complexe vitaminé pour omnivores. Selon certains auteurs, il faut complémenter en vitamine D3. Selon d’autres, cette vitamine est associée à l’apport en calcium et est donc inutile. Attention aux carences.

Voici comment se compose l’alimentation du sugar glider en captivité :

  • Une cuillère à café de « ration » ou mixture spéciale : il existe plusieurs recettes reconnues, que vous pouvez préparer vous-même, comme la recette de Bourbon (ou BML : Bourbon Modified Leadbeater’s mix), la ration du Dr Cathy Johnson-Delaney, la ration du Dr Rosemary Booth, ou encore la ration du parc zoologique de Chicago (toutes les recettes ici).
  • De la gomme arabique : il s’agit d’un exsudat de sève d’acacia, amalgamé naturellement ou obtenu par incision. La gomme arabique fait le plus grand plaisir du sugar glider et représente 40% de son alimentation ! On la trouve dans certaines pharmacies ou commerces d’alimentation exotique. Cela se présente sous la forme poudre ou de cristaux plus ou moins gros, que l’on peut diluer ou donner tels quels, environ deux fois par semaine.
  • Quelques insectes : les arthropodes constituent 30% de l’alimentation à l’état sauvage. Vous pouvez donner principalement des criquets et des grillons. Attention aux vers de farine, trop gras. Vous pouvez élever les insectes vous-même.
  • Des protéines : vous pouvez aussi donner un petit bout de viande blanche bouillie (dinde, poulet), jamais de viande rouge ni de viande crue. Le tofu est également une bonne source en protéines.
  • Quelques morceaux de fruits : vous pouvez donner tous les fruits, sauf ceux qui sont trop acides. Et surtout pas de noyaux, car ils sont toxiques !
  • Quelques morceaux de légumes et d’herbes, occasionnellement : céleri, carotte, chou, potiron, scarole, cerfeuil, pois, brocoli, basilic…
  • Un peu de plantes sauvages : eucalyptus, hibiscus, trèfle, lavande, mélisse, marguerites, fleurs de pissenlit…
  • Des petits extras : un peu de miel ou de pollen

Reproduction

A l’état sauvage, la reproduction a lieu entre juin et novembre. La majorité des naissances se déroule au printemps ou à la fin de l’été, au moment où les insectes sont les plus abondants, avec parfois une deuxième portée vers le mois de novembre. Au sein d’un groupe, dans la nature, seul le mâle dominant se reproduit et son taux de testostérone augmente considérablement entre juillet et septembre.
En captivité, quand on les maintient à une température constante, les sugar gliders se reproduisent tout au long de l’année et peuvent donner naissance à deux ou trois portées par an (maximum cinq). Il a été observé que les reproductions sont moins fréquentes lorsque le groupe est important.

La gestation de la future maman possum dure entre 15 et 17 jours seulement ! Les petits sont au nombre de un ou deux, plus rarement trois. Lorsqu’ils naissent, ceux-ci sont à l’état de « larves marsupiales » : ils sont nus et aveugles, ne pèsent que 0,20 g et mesurent environ 5 mm. Dans la mesure du possible, il faut éviter de manipuler la future maman. Offrez-lui un apport supplémentaire en protéines et en calcium.

Tout de suite après la mise bas, les joeys gagnent la poche marsupiale en grimpant sous le ventre de leur mère à l’aide d’une petite griffe spéciale à chaque main. Une fois arrivés, chacun saisit avec sa bouche une des quatre mamelles qui se trouvent dans le marsupium. Comme les joeys ne possèdent pas encore de mâchoires développées leur permettant de téter, les tétines se gonflent dans leur bouche, ce qui leur permet d’y rester accrochés sans effort. Le lait, qui est alors très liquide, coule automatiquement, jusqu’à ce que les petits puissent se détacher de la tétine et téter par eux-même quand ils en ont besoin.

C’est donc dans la poche marsupiale que les larves poursuivront leur développement pendant 60 à 74 jours. La température à l’intérieur de la poche est de 30 à 34 degrés environ, et une humidité constante est maintenue à l’aide de nombreuses glandes sudoripares et sébacées.

Si vous ne les remarquerez pas les premiers jours, vous observerez au fil du temps que l’abdomen de votre femelle s’arrondit. Cela devient flagrant vers 2 semaines environ. Au bout de 2 mois, vous risquez même de voir une patte ou la queue d’un petit qui sort de la poche !

Environ 2 mois après leur naissance, les joeys qui pèsent alors une vingtaine de grammes sont devenus trop grand pour rester dans la poche maternelle. Ils poursuivent alors leur croissance au nid, ou agrippés au dos de leur mère. Celle-ci continue de les nourrir avec un lait qui devient de plus en plus riche en protéines. La femelle retourne en oestrus 12 jours après que les petits ont quitté la poche.

A l’âge de 110 à 120 jours, les joeys sont prêts pour quitter définitivement leur maman : c’est le moment du sevrage. Ils ont les yeux ouverts depuis 3 à 4 semaines environ, et commencent à manger de la nourriture solide. Le sevrage se passe généralement très bien. Quand les jeunes ont entre 7 et 10 mois, il est fréquent de les voir se faire rejeter violemment du groupe. A 8 mois, certains ont déjà atteint leur maturité sexuelle, mais la plupart des individus sont adultes vers 12-14 mois. Ils sont alors prêts pour fonder une famille à leur tour.

Par Marie-Sophie Germain