La souris pygmée (Mus minutoides) est pleine de surprise. Une étude scientifique a révélé que les particularités chromosomiques de la femelle sont en corrélation avec la taille du crâne et l’intensité de sa morsure… Une étonnante stratégie de survie que nous vous expliquons en détail.
Dans notre précédent article sur les souris pygmées (Mus minutoides), nous vous faisions part d’une particularité chromosomique, plus particulièrement chez les femelles. En effet, ces dernières présentent trois paires de chromosomes sexuels différents : le traditionnel XX mais aussi XX* et plus étonnant encore X*Y. Retrouvez l’intégralité de l’article ICI.
Nous vous proposons aujourd’hui d’aller encore plus loin grâce à une étude publiée dans le « journal of experimental biology ». Cette dernière permet de mettre en corrélation la taille du crâne de l’animal, mais aussi l’intensité de sa morsure, avec ses chromosomes sexuels ! Étonnant n’est ce pas ?
L’étude débute avec 54 individus adultes : 19 mâles et 35 femelles. Parmi toutes ces femelles, 17 portent le gène SRY, tandis que les 18 autres sont de fait obligatoirement XX* ou bien XX. 8 individus sont identifiés comme étant XX*.
En comparant la force de la morsure ainsi que la corpulence des femelles XX et XX*, les scientifiques ont obtenu des résultats similaires. Ces individus sont dès lors regroupés dans les « XX femelles » (comprenant donc les femelles XX et XX*).
Chaque individu est ensuite invité à mordre trois fois et l’intensité de morsure la plus forte est retenue pour les analyses.
Les crânes de l’ensemble des individus sont mesurés par l’intermédiaire de 11 points de repère sur le côté dorsal et 16 sur la mandibule. Après l’analyses des résultats, il est enfin possible de soutirer quelques conclusions étonnantes.
Si aucune grande différence morphologie n’est visible à l’œil nu, les femelles X*Y présentent différentes caractéristiques que nous ne supposions guère ! En effet, l’intensité des morsures est plus importante, et elle pourrait notamment s’expliquer par un crâne légèrement plus grand que les autres individus (XX femelles mais aussi celui les mâles !).
Au cours de notre précédent article, nous nous questionnions sur la survie de ces souris femelles insolites. Ces nouvelles données nous permettent de comprendre la légère supériorité de ces « superfemelles »: grâce à leur force de morsure plus importante, elles parviennent à accéder à d’autres ressources alimentaires. Aussi, leur agressivité accrue peut leur conférer une avantage sur leur reproduction si un conflit éclate entre femelles.
Ces femelles X*Y, malgré la naissance d’embryons non viables YY, parviennent ainsi à conserver une place privilégiée de part d’autres capacités significatives.
La souris pygmée devient dès lors un excellent exemple du lien pouvant relier les chromosomes sexuels à la morphologie de l’animal mais aussi à son comportement et à ses performances.
Par Audrey Pion