Amer constat en cette année 2018 : de nombreux petits éleveurs de furets (moins de 30 femelles reproductrices) se sont retrouvés avec des furetons « sur les bras » pendant un long moment avant réussir à les placer. Au mois de novembre, certains éleveurs ont encore des jeunes de 6 mois ou plus disponibles, malgré des annonces largement diffusées sur les réseaux sociaux. La principale raison invoquée pour ne pas adopter ces furetons d’élevage : ils seraient soit-disant “trop chers”, malgré un prix aligné et cohérent chez la majorité des éleveurs français.
Les acheteurs sont ainsi de plus en plus nombreux chaque année à essayer de négocier le prix de vente des furetons, par exemple en arguant qu’ils peuvent trouver un furet à 30 euros chez un voisin chasseur ; comme s’il s’agissait d’un argument valable. Malheureusement, la tendance de ces dernières années est d’acheter son animal au plus bas prix possible : en 2018, sur le site Facebook, les groupes spécialisés ont vu fleurir les annonces pour des furetons à moins de 40 euros… Pourtant, à y regarder de plus près, ces furets sont en général très loin d’être une bonne affaire, comme vous allez le découvrir.
« Il faut prendre en compte que le prix de vente d’un animal est souvent un indicateur de la qualité des soins qu’il a reçus. »
Un furet “de fond de garage” (comme les appellent les anglo-saxons) vendu pour moins de 40 euros par un particulier est bien souvent un fureton de parents non vaccinés, non suivis par un vétérinaire, avec un sevrage lamentable (croquettes bas de gamme de supermarché), voire vendu non sevré, qui n’aura reçu aucun vermifuge avant de quitter sa cage à gerbilles au fond du garage. Bien évidemment, il n’y a aucune identification, ni généalogie, ni traçabilité, le fureton en question peut donc être né d’une union consanguine ou de parents porteurs de tares génétiques qui auront des répercussions sur sa santé future.
Ainsi, lorsque vous achetez un fureton à bas prix, la majorité du temps, vous donnez de l’argent à des personnes peu scrupuleuses qui cherchent à se faire de l’argent facile sans avoir à dépenser trop pour les parents, et encore moins pour les petits… En plus de prendre le risque de tomber sur un bébé non sevré, consanguin ou infesté de parasites.
De plus, sachez que lorsque vous adoptez un fureton qui vous semble “donné”, vous allez aux devants de dépenses vétérinaires bien plus importantes qu’avec un fureton d’élevage : entre les vermifuges, les vaccins (primo-vaccination à 2 mois contre la maladie de Carré, puis rappel 1 mois après), les éventuels traitements pour soigner un fureton vendu malade, le prix du lait maternisé si le fureton s’avérait non sevré, l’identification par transpondeur… Il vous en coûtera facilement 150 euros de plus que la dépense initiale.
Soit au moins 170 euros pour un furet trouvé à 20 euros chez un voisin, sans compter les risques de santé ultérieurs s’il a été mal sevré. Par exemple, la prise en charge d’un insulinome peut coûter 1000 euros/an ! Un fureton d’élevage vacciné et identifié à 200 euros sera une bien meilleure “affaire” si vous faites le détail !
A l’inverse, on trouve aussi de plus en plus de particuliers sans aucune connaissance et sans scrupule qui surfent sur la mode du furet et en profitent pour vendre à 200 euros des furetons non vaccinés, élevés eux aussi dans une cage à gerbille dans un garage et sevrés aux croquettes bas de gamme… Avant de craquer sur un fureton, pensez donc à poser des questions sur ses parents, sa généalogie, son sevrage, les soins qu’il a reçus depuis sa naissance… Exigez de voir sa mère, le reste de sa fratrie, ainsi que les conditions dans lesquelles il a grandi. Bref, soyez vigilants afin d’éviter de vous faire arnaquer !
Par ailleurs, il faut aussi savoir que beaucoup de personnes non scrupuleuses ne se gênent pas pour se débarrasser des furetons qui leur restent “trop longtemps” sur les bras : quand elles ne les jettent pas vivants à la poubelle (de nombreux cas de ce genre ont été recensés par les associations animales cette année), elles n’hésitent pas à amener à la SPA ou aux associations spécialisées des portées entières de furetons invendus de plus de 3 mois, pour ne pas avoir à continuer à payer leur nourriture et leurs soins.
Acheter un fureton à un prix dérisoire signifie que vous donnez potentiellement de l’argent à une personne qui aurait été prête à le jeter dans une benne ou à l’abandonner dans un carton devant la SPA. Pas très éthique, vous ne trouvez pas ?
En comparaison, lorsque vous adoptez votre fureton chez un éleveur sérieux, vous versez de l’argent à une personne passionnée qui s’occupe correctement de ses furets; plutôt qu’à un arnaqueur qui surfe sur un effet de mode pour se faire de l’argent… En clair : la passion, le professionnalisme et le temps passé auprès des animaux se payent.
« Lorsqu’un éleveur choisit de passer 5 heures ou plus par jour à s’occuper de ses furets, qu’il garde ses jeunes aussi longtemps qu’il le faut, soigne et vaccine ses reproducteurs, et propose un suivi généalogique, cela vous coûte de l’argent en tant qu’acquéreur – mais c’est aussi la garantie d’une certaine éthique et d’un respect de l’animal. »
Gardez aussi à l’esprit qu’un bon éleveur effectue un travail de sélection pour obtenir de beaux furets en bonne santé, avec un beau physique, une bonne longévité et une résistance aux maladies.
Au contraire, les particuliers qui reproduisent leurs furets au petit bonheur la chance pour se faire de l’argent facile reproduisent leurs animaux sans aucun contrôle généalogique ni sanitaire, en essayant de produire un maximum de furetons dont la couleur soit « à la mode », au risque de faire naître des furetons consanguins, porteurs de tares, avec des malformations et des problèmes de santé. Reproduits à leur tour, ces furets de “fond de garage” dissémineront de mauvais gènes dans la population globale de furets. C’est en grande partie pour cela que la longévité maximale des furets en France est passée de 12 ans à 8 ans ces deux dernières décennies, avec de plus en plus de décès entre 4 et 6 ans…
Enfin, puisqu’il est dit qu’une image vaut mieux que 1000 mots, nous vous proposons de jouer au “Jeu des Différences” avec deux images qui illustrent parfaitement le propos de cet article.
Vous voyez ci-dessous une photo de deux furetons mâles nés dans un élevage familial, âgés de 2 mois. Ils ont été sevrés avec une alimentation carnée variée (proies, BARF, poissons, œufs…) et sont issus d’une sélection visant à obtenir des furets au physique d’ourson :
En-dessous, une deuxième photo trouvée via un site de petites annonces en ligne : un autre fureton mâle né en 2018, âgé soit-disant de 2 mois lui aussi.
Vous pouvez constater l’état lamentable de son pelage: épars, hirsute, terne. La tête “en cacahuète” est caractéristique d’une mauvaise croissance. Vous pouvez voir sur l’image qu’il est nourri à la pâtée industrielle pour chat façon « gelée », un aliment trop pauvre en acides gras et en protéines pour un furet en croissance… La qualité d’une telle alimentation se passe de commentaire. Il va sans dire qu’un fureton sevré avec une pâtée de ce type va aux devants de problèmes de santé conséquents en grandissant (hypocalcémie, hypovitaminose, maladie pancréatique…).
Vous l’aurez compris : au regard de ces éléments, nous vous conseillons de choisir avec soins la provenance de votre futur compagnon si vous souhaitez adopter un jeune furet. Car à trop vouloir faire d’économies, non seulement on finance un commerce amoral et bien souvent illégal de la part de particuliers sans scrupule, mais on finit aussi par « payer » une telle décision – que ce soit sur le plan financier que sur le plan sanitaire… Sans oublier l’animal, victime directe de ce commerce abusif, qui peut malheureusement payer de sa vie les conséquences de l’avarice humaine…
Par Douchka Brouet
Furetterie Twilight Polecats
Catégories :ADOPTION, MISES EN GARDE