Le sugar glider (Petaurus breviceps) est un petit mammifère unique à bien des égards. La reproduction en captivité de ce marsupial exotique est une véritable aventure ! Pseudo-vagins, hémipénis, larves marsupiales, joeys… Voici les informations essentielles à connaître pour comprendre comment se reproduit le sugar glider.
En tant que marsupiaux, les sugar gliders (ou phalangers volants) ont un mode de reproduction très différent de celui des autres mammifères. En effet, après une gestation utérine très courte, les petits naissent dans un état de développement incomplet proche du foetus, à l’état de « larves marsupiales », alors que chez les mammifères placentaires toute la gestation se déroule dans l’utérus. Les larves grimpent ensuite dans le marsupium puis restent accrochées à une mamelle afin de se nourrir et de poursuivre leur développement bien à l’abri.
A l’état sauvage, la reproduction a lieu entre juin et novembre. La majorité des naissances se déroulent au printemps ou à la fin de l’été, au moment où les insectes sont les plus abondants, avec parfois une deuxième portée vers le mois de novembre. Au sein d’un groupe, dans la nature, seul le mâle dominant se reproduit et son taux de testostérone augmente considérablement entre juillet et septembre.
En captivité, quand on les maintient à une température constante, les sugar gliders se reproduisent tout au long de l’année et peuvent donner naissance à deux ou trois portées par an (maximum cinq). Il a été observé que les reproductions sont moins fréquentes lorsque le groupe est important.
Les appareils génitaux du mâle
Chez le mâle, les testicules sont situés dans le scrotum, en dehors de la cavité abdominale. On dit que le scrotum est pendulaire, et il est bien visible sur le ventre. Contrairement à la majorité des autres mammifères, les testicules sont placés avant le pénis ! Ils ne deviennent visibles qu’à partir du 3è mois.
Le mâle dispose d’un pénis dont l’extrémité bifide est à peu près semblable aux deux hémipénis qu’on retrouve chez les reptiles : ils sont utilisés pour féconder les deux vagins de la femelle. L’orifice urinaire n’est pas situé au bout du pénis comme chez les autres mammifères, mais à sa base.
Les appareils génitaux féminins
Chez la femelle, le tractus génital se décompose en deux vagins séparés, qui sont en partie soudés à la base par un cul-de-sac. Chaque vagin est prolongé par un utérus. Mais contrairement aux autres mammifères, les vagins et les utérus sont situés latéralement par rapport aux uretères.
Autre fait spectaculaire : lors de la ”mise bas”, les embryons ne sortent pas par les vagins, mais par un seul pseudo-vagin qui se trouve entre le cul de sac et le sinus urogénital.
La reproduction du sugar glider en quelques chiffres
- Maturité sexuelle : mâle, 12 – 14 mois ; femelle, 8 – 12 mois
- Durée du cycle sexuel : 29 jours
- Durée de gestation : 15 – 17 jours
- Nombre de petits par portée : 1 à 2 (plus souvent 2)
- Poids à la naissance : 0,19 g
- Développement du jeune dans la poche marsupiale : 60 – 74 jours (moyenne 70 jours)
- Age au sevrage : 110 – 120 jours
La gestation et la naissance
La gestation de la future maman possum dure entre 15 et 17 jours seulement ! Les petits sont au nombre de un ou deux, plus rarement trois. Lorsqu’ils naissent, ceux-ci sont à l’état de « larves marsupiales » : ils sont nus et aveugles, ne pèsent que 0,20 g et mesurent environ 5 mm. Fait remarquable, ils ne sortent pas par les voies naturelles – les vagins latéraux – mais par un pseudovagin qui se trouve entre le cul-de-sac vaginal et le sinus urogénital. Dans la mesure du possible, il faut éviter de manipuler la future maman. Offrez-lui un apport supplémentaire en protéines et en calcium.
Le développement dans la poche marsupiale
Tout de suite après la mise bas, les joeys gagnent la poche marsupiale en grimpant sous le ventre de leur mère à l’aide d’une petite griffe spéciale à chaque main. Une fois arrivés, chacun saisit avec sa bouche une des quatre mamelles qui se trouvent dans le marsupium. Comme les joeys ne possèdent pas encore de mâchoires développées leur permettant de téter, les tétines se gonflent dans leur bouche, ce qui leur permet d’y rester accrochés sans effort. Le lait, qui est alors très liquide, coule automatiquement, jusqu’à ce que les petits puissent se détacher de la tétine et téter par eux-même quand ils en ont besoin.
C’est donc dans la poche marsupiale que les larves poursuivront leur développement pendant 60 à 74 jours. La température à l’intérieur de la poche est de 30 à 34 degrés environ, et une humidité constante est maintenue à l’aide de nombreuses glandes sudoripares et sébacées.
Si vous ne les remarquerez pas les premiers jours, vous observerez au fil du temps que l’abdomen de votre femelle s’arrondit. Cela devient flagrant vers 2 semaines environ. Au bout de 2 mois, vous risquez même de voir une patte ou la queue d’un petit qui sort de la poche !
Le développement hors de la poche marsupiale
Environ 2 mois après leur naissance, les joeys qui pèsent alors une vingtaine de grammes sont devenus trop grand pour rester dans la poche maternelle. Ils poursuivent alors leur croissance au nid, ou agrippés au dos de leur mère. Celle-ci continue de les nourrir avec un lait qui devient de plus en plus riche en protéines. La femelle retourne en oestrus 12 jours après que les petits ont quitté la poche.
Le sevrage
A l’âge de 110 à 120 jours, les joeys sont prêts pour quitter définitivement leur maman : c’est le moment du sevrage. Ils ont les yeux ouverts depuis 3 à 4 semaines environ, et commencent à manger de la nourriture solide. Le sevrage se passe généralement très bien. Quand les jeunes ont entre 7 et 10 mois, il est fréquent de les voir se faire rejeter violemment du groupe. A 8 mois, certains ont déjà atteint leur maturité sexuelle, mais la plupart des individus sont adultes vers 12-14 mois. Ils sont alors prêts pour fonder une famille à leur tour.
Par Marie-Sophie Germain
Photos : NH Sugar Gliders, Adam Head
Catégories :REPRODUCTION et ELEVAGE