Les furettes présentent une spécificité reproductive très particulière : si elles ne sont pas stérilisées et restent longtemps en chaleurs sans accouplement, elles finissent par développer de l’hyperœstrogénisme, une maladie mortelle. C’est pourquoi il est indispensable de les stériliser, soit par la pose d’un implant contraceptif, soit par chirurgie.
Pourtant, des rumeurs continuent à circuler sur internet : faire reproduire une furette la protégerait de cette maladie, en plus de la rendre très heureuse… Info ou intox ? Votre furette doit-elle absolument avoir des petits ?
La stérilisation : seule prévention efficace
Soyons clairs : non, faire reproduire sa furette ne la protège absolument pas contre l’hyperœstrogénisme, ni contre les tumeurs mammaires ou la maladie surrénalienne. Il s’agit d’une légende urbaine, qui n’a aucun fondement scientifique.
Au contraire, garder sa furette entière et essayer de la faire porter sans préparation suffisante, bien souvent sans connaître les règles à respecter en matière de reproduction, l’expose à de très nombreux risques : hyperœstrogénisme, infection de l’utérus, complications liées à un avortement spontané, décès lors de la mise-bas, infection vaginale, mammite…
Il existe aussi des risques pour les furetons à naître, qui peuvent par exemple être porteurs de tares génétiques si leurs parents n’ont pas été rigoureusement sélectionnés.
Actuellement, la stérilisation est la seule prévention efficace pour garantir la sécurité de sa furette, sans mettre la vie de furetons en jeu.
Le bonheur de la maternité : une notion humaine
Puisque faire reproduire sa furette ne la protège pas, est-ce que cela présente au moins l’avantage de la rendre heureuse ? Encore une fois, la réponse est non.
Nous touchons ici à une tendance naturelle des humains : l’anthropomorphisme. Sous ce mot un peu compliqué se cache un ensemble de constructions mentales et culturelles, qui nous amènent à prêter aux objets, aux plantes et aux autres espèces animales des caractéristiques humaines. Par exemple, nous pouvons croire qu’un assistant vocal qui reproduit un rire quand on lui énonce une blague est doté du sens de l’humour, bien que ce ne soit pas le cas.
De la même manière, nous prêtons facilement aux autres espèces animales des capacités ou des besoins dont elles sont dépourvues (jusqu’à preuve du contraire) : par exemple, nous imaginons que notre chien nous en veut d’être sortis sans lui, et qu’il a éventré un coussin pour se venger… alors qu’il s’agit plus probablement d’un signe d’ennui ou d’anxiété de séparation.
Quand il s’agit de reproduction, la tendance à l’anthropomorphisme est démesurée. Parce que nous, humains, trouvons du bonheur et une forme d’accomplissement en ayant un enfant avec un partenaire que nous aimons profondément, nous imaginons que la reproduction est source du même bonheur pour les autres animaux. Or ce n’est pas le cas de la majorité des espèces.
En réalité, la reproduction du furet répond à des instincts liés à la variation de la durée du jour (photopériode). Sous l’influence de ses hormones, le furet ressent des pulsions sexuelles. Puis, lorsque la furette met bas, d’autres hormones prennent le relais pour l’inciter à s’occuper de ses jeunes et à assurer leur survie. Il ne s’agit en aucun cas d’un choix réfléchi, mû par un désir émotionnel ou par un amour profond entre les deux partenaires. Les furets ne recherchent pas le bonheur en se reproduisant.
La reproduction, source intense de stress
La reproduction, de l’accouplement jusqu’à l’émancipation des petits, est une source de stress chez les femelles mammifères. Non seulement elles subissent un stress physiologique dû à la gestation, à la mise bas et à la lactation (très énergivore) ; mais elles sont également très stressées mentalement.
Les hormones qui circulent dans l’organisme d’une furette après la mise-bas ont des répercussions importantes sur sa vie quotidienne : son ouïe est modifiée pour qu’elle entende des sons plus aigus, son sommeil est moins profond, elle est toujours sur ses gardes, se comporte de manière plus agressive même envers les humains qu’elle connaît… Même maintenue dans des conditions optimales, une furette qui a des petits en bas âge voit sa qualité de vie directement impactée par le fait de devoir prendre soin de sa portée.
À la lumière de ces différents éléments, il apparaît que la reproduction n’est pas du tout une étape obligatoire dans la vie d’une furette. Elle n’apporte aucun intérêt médical ni comportemental, et peut être source de complications de santé pour la mère comme pour les petits. Mieux vaut laisser cette entreprise délicate aux éleveurs expérimentés !
Par Douchka Brouet
Furetterie Twilight Polecats
Catégories :MISES EN GARDE, REPRODUCTION et ELEVAGE