Vous débutez en aquariophilie et souhaitez vous lancer dans la maintenance de jolies petites crevettes d’eau douce ? Voici quelques espèces courantes qui sont faciles à maintenir, pour peu qu’on s’en occupe bien.

La crevette Amano, Caridina multidentata
On ne présente (presque) plus Caridina multidentata. Auparavant appelée Caridina japonica, on la connaît aussi sous le nom de “crevette japonaise” ou “crevette Amano”. Elle a beau avoir une simple robe beige, elle n’en reste pas une espèce fascinante, surtout quand on débute : cette espèce n’est pas du tout timide, et elle est très active, sans cesse en train de “picorer” et nettoyer l’aquarium. Elle est aussi connue pour sa remarquable longévité, qui peut atteindre plus de 15 ans ! Malheureusement elle ne se reproduit pas en eau douce, et que son élevage en eau saumâtre reste très difficile (seuls quelques experts ont réussi).
Elle n’est pas délicate et s’accommode de la température ambiante, voire même de températures froides, comme dans son milieu naturel (10-15 degrés), le Japon. Cependant, il ne faut pas faire l’erreur de la maintenir en nano aquarium – comme on peut le faire avec d’autres crevettes – car elle atteint une taille de 6 cm (pour les grandes femelles). De plus, elle nage beaucoup ! Caridina multidentata a donc besoin d’espace, 60 L environ.
La crevette Amano est très facile à nourrir, elle se contente de tout ce qui lui tombe sous les pattes, qu’il s’agisse d’aliments pour crevettes, comme de produits pour poissons ou encore légumes pochés. Et elle est un excellent allié contre les algues, qu’elle dévore avec la plus grande délectation !

La Red Cherry, Neocaridina davidi
Avec la crevette Amano, Neocaridina davidi est sans aucun doute le crustacé préféré des néophytes : elle présente de multiples couleurs, et surtout, est très facile à élever et très prolifique ! On la connaissait autrefois sous le nom de Neocaridina heteropoda.
A l’état sauvage, en Chine surtout, Neocaridina heteropoda peuple les lacs, cours d’eau et ruisseaux de montagne très calmes, riches en fonds rocheux et végétation. En hiver, la température extérieure peut descendre jusqu’à 0 degrés. L’espèce est donc habituée à une période froide, pendant laquelle elle observe une pause dans sa reproduction, qui se termine au printemps quand les températures remontent.
Elle peut se contenter d’un petit aquarium de 20 ou 30 L, dont le pH est de 6,5 à 8, pour une température de 18 à 25 degrés. Cependant, les bacs plus grands sont préférables ! Neocaridina davidi se nourrit de petites granules et autres comprimés pour crevettes, son alimentation ne cause jamais de problèmes.
Il s’agit d’une espèce qui se reproduit entièrement en eau douce. La femelle porte une trentaine d’oeufs de couleur jaune, qui éclosent entre 3 et 4 semaines plus tard, pour donner naissance à des juvéniles complètement formés. Ceux-ci deviennent sexuellement matures au bout de 4 mois. La tache ovarienne de la femelle est le plus souvent de couleur jaune. Les mâles sont plus petits et plus fins que les femelles, et moins colorés.
A l’état sauvage, Neocaridina davidi présente une livrée brunâtre, parfois agrémentée d’une ligne plus claire courant le long du dos. Les éleveurs ont réussi à sélectionner beaucoup de mutations aux couleurs très différentes (sur lesquelles nous reviendrons par la suite). Il s’agit de l’espèce de crevette qui présente le plus de couleurs en captivité ! Rouge, bleu, jaune, noir, orange, vert… Vous avez l’embarras du choix !

La Blue Pearl ou White Pearl, Neocaridina palmata
Neocaridina palmata était autrefois appelée Neocaridina zhangjiajiensis car elle est originaire de la préfecture de Zhangjiajie dans le Hunan, au sud de la Chine. Elle peut être maintenue en petit aquarium, avec une température comprise entre 20 et 26 degrés, et un pH entre 6 et 8. Une crevette très facile à maintenir, et aussi très prolifique ! Tous les deux mois environ, la femelle porte entre 20 et 30 oeufs, pendant 3 à 5 semaines. Les petits sont sexuellement matures 3 à 5 mois plus tard.
A l’état sauvage, cette crevette de 2 à 3 cm serait beige ou grise. C’est l’éleveur allemand Ulf Gottshalck qui a sélectionné les premières mutations en 1999, et d’autre variétés sont encore en plein développement ou peu disponibles (Ambre, Green, Orange, et Red).
La Blue Pearl arbore une belle couleur bleue claire transparente, parfois parsemée de petits points rouges. Ses oeufs sont bruns. Malheureusement, la qualité de la coloration bleue peut changer en fonction de certains paramètres mais aussi en fonction des souches, et un travail de sélection est parfois nécessaire.

Comme son nom l’indique, le corps de la White Pearl est entièrement blanc, soit transparent, soit laiteux. Elle a les yeux noirs. Cette crevette est souvent appellée Snow Ball en raison de la blancheur immaculée de ses œufs. Ces petites « boules de neige » sont même visibles au niveau de la grappe ovarienne : on y distingue nettement les oeufs encore en développement, individuellement, avant même qu’ils soient entre les pléopodes de la femelle ! On peut également observer les yeux des petits très tôt. A l’heure actuelle, on ne sait toujours pas si la forme blanche existe aussi dans la nature ou non.

La crevette des Indes, Caridina babaulti
Caridina cf. babaulti a été introduite dans le hobby en 2007. Elle nous vient d’Inde et de Malaisie. On la retrouverait même dans les réseaux d’eau potable à Karachi au Pakistan ! Elle doit son nom à l’explorateur naturaliste français Guy Babault, qui collecta ces crevettes pour la première fois en Inde en 1914. Cette espèce est facilement reconnaissable à son long rostre droit et dentelé, ainsi qu’à sa belle bande dorsale. Le mâle mesure environ 1,5 à 2 cm et la femelle de 2 à 2,5 cm, parfois 3 cm.
En Europe, la variété la plus commune est la babaulti « Green ». Comme son nom l’indique, elle présente une magnifique couleur verte, qui peut presque paraître fluorescente quand elle vit dans de bonnes conditions. Car il faut savoir que la nuance et l’intensité de la coloration peuvent changer, en fonction de certains paramètres.
Dans nos bacs, on trouve aussi la « Stripes », avec un corps beige ou gris clair, orné de belles rayures brunes. La « Malaya » est aussi assez commune, avec un corps rougeâtre portant des rayures claires sur le dos et le telson. On trouve aussi la babaulti en bleu, et dans une moindre mesure, en brun et en orange chez des éleveurs (rarement dans le commerce).


Caridina babaulti s’adapte très bien en captivité et est facile à maintenir. Il faut lui offrir un aquarium spacieux (de 30 à 60 L) et avec un bon brassage, au pH neutre. Des passionnées rapportent que cette crevette aime bien nager, et n’apprécie pas l’eau stagnante. En réalité, cette espèce existe à la fois dans des petits ruisseaux turbulents et des bassins à eaux plus calmes.
Niveau température, on lit sur les divers supports d’informations que Caridina babaulti doit être maintenue à température élevée (environ 28 degrés). Pourtant des éleveurs en Inde décrivent ces crevettes comme ayant une meilleure coloration à une température plus fraîche. Quoiqu’il en soit, celle-ci ne doit pas descendre sous les 22 degrés.
Pour le décor, un substrat sombre est recommandé. Une végétation est également importante, offrant de nombreuses cachettes et zones ombragées pour cette espèce qui a tendance à ne pas aimer la lumière forte
Cette espèce se reproduit entièrement en eau douce, sans stade larvaire, ce qui en fait une crevette adaptée aux débutants. La femelle porte une trentaine d’oeufs pendant 3 à 4 semaines. Chez la babaulti Green, ceux-ci sont verts/jaunes fluorescent (bruns chez les autres variétés).
Côté nourriture, cette crevette n’est pas du tout difficile. Elle apprécie la nourriture industrielle pour crevettes de bonne qualité (sans colorants ni additifs si possible), ainsi que la verdure (légumes ou feuilles pochés).

La crevette à longues pinces, Macrobrachium assamense
Si vous vous intéressez aux crevettes plus “originales”, vous pouvez opter pour des Macrobrachium, ou crevettes à longues pinces. M. assamense est l’espèce la plus courante, les autres étant relativement difficiles à trouver. Elle est très robuste et s’adapte à toutes les conditions. Sa robe beige marbrée en fait une reine du camouflage.
Comme tous les crustacés, elle a besoin d’un décor composé de nombreuses cachettes. Evitez les plantes gazonnantes ou petites plantes fragiles, qu’elle pourrait déraciner lors de recherche de nourriture. Préférez les plantes à tiges et feuilles solides.
Macrobrachium assamense s’attaque parfois aux petits poissons ou crevettes naines, mais c’est loin d’être une généralité. Toute fois il vaut mieux la maintenir en bac spécifique, de 180 L minimum pour un petit groupe. C’est une espèce très territoriale, et les combats entre mâles sont fréquents, ce qui se solde par des pertes des pinces. Il faut alors offrir un habitat composé de beaucoup de cachettes.
Cette espèce se reproduit facilement, et mange la même chose que les autres crevettes.
Par Marie-Sophie Germain

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