A l’état sauvage, hamsters Russes (Phodopus sungorus) et hamsters de Campbell (Phodopus campbelli) ne se rencontrent jamais. En effet, le hamster russe vit en Asie Centrale (Mongolie, Dzoungarie), alors que le hamster de Campbell se trouve en le plus souvent en Chine. Cependant, en captivité, les hybrides sont très courants, à cause d’éleveurs ignorants voire peu scrupuleux. Cette hybridation cause de nombreux problèmes.
Qu’est ce qu’un hybride ?
Tout d’abord, qu’est ce qu’un hybride ? Un hybride est le résultat d’un croisement entre deux espèces. Voici les espèces de hamsters que nous connaissons en captivité :
A notre connaissance, seuls le hamster russe et le hamster de Campbell peuvent s’hybrider, car ils ont le même nombre de chromosomes (28) et ces chromosomes sont similaires en terme de taille et de morphologie. Cependant, certains chromosomes montrent des différences structurelles.
D’où viennent ces hybrides ?
La première cause de l’hybridation des hamsters nains est l’ignorance. Comment un débutant arriverait-il à faire la différence entre deux espèces qui se ressemblent beaucoup ?
La recherche de profit entre également en jeu, avec des responsables d’animaleries qui ne se soucient pas du pedigree des rongeurs et les font reproduire à tout va sans aucun contrôle.
Ensuite, certains éleveurs sont à incriminer. En 2006 par exemple, des éleveurs hollandais auraient croisé des hamsters russes et hamsters de Campbell. Comme les Campbell présentent une gamme de couleurs beaucoup plus large, le but était d’obtenir de nouvelles couleurs chez les hamsters russes, qui n’en ont pas beaucoup. Les éleveurs ont donc réussi à obtenir les couleurs suivantes : Mandarine, Mushroom, Orange, Brown, Moscow. Puis ils ont croisé ces hybrides avec des hamsters russes afin de fixer ces couleurs chez ces derniers, détruisant la pureté des lignées. C’est pourquoi dans certains pays ces couleurs sont bannies des shows et concours, vu que leurs porteurs ne sont pas des « pure race ».
Quel est le problème ?
Tout d’abord, il faut savoir que la santé de la maman hamster et de ses bébés peut être mise en danger avant ou pendant la mise bas. En effet, il peut exister une différence de taille des foetus et des placentas entre deux espèces. Une étude scientifique a démontré qu’une femelle hamster Russe qui a été reproduite avec un mâle Campbell aura des embryons dont le poids est 38% supérieur à ceux obtenu par tout autre type de croisement. Encore plus frappant : le placenta est 300% plus gros !
Avec des embryons, des bébés et un placenta surdéveloppés, autant dire que les risques pour les petits et pour la femelles sont eux aussi énormes… Les bébés hybrides meurent pendant la gestation (le plus souvent à partir de la moitié du terme), ou sont morts-nés. Le pire scénario est quand la mère n’arrive pas à mettre bas parce que les bébés sont trop gros. Elle peut en mourir, dans d’atroces souffrances…
Inversement, la même étude scientifique a démontré que les bébés issus du croisement entre une mère Campbell et un père russe étaient 40 % plus petits que leurs parents. Cependant, cette différence de taille ne s’observe qu’une fois à la naissance, et pas pendant le développement embryonnaire, qui parait normal.

Quant les hybrides survivent, c’est pour avoir une courte longévité, de 12 à 18 mois environ, au lieu de 24 mois minimum. Ils sont très nombreux à souffrir de diabète, une maladie malheureusement trop courante chez le hamster de Campbell. Ils peuvent également être atteints de nombreuses malformations de naissances, dont des malformations organiques invisibles à l’oeil nu.
Ils peuvent aussi être atteints de problèmes neurologiques. L’un d’entre eux est le stargazing : le hamster fait un « salto arrière », alors qu’en fait c’est son cerveau qui est malade. On observe aussi des cas de backflipping, quand le hamster n’arrive pas à rester debout. Les hybrides sont aussi souvent atteints de stéréotypie, ils répètent sans cesse les mêmes mouvements ou déplacements, comme quand un lion marche de long en large dans sa cage.
Des éleveurs rapportent aussi des cas d’agressivité et de vilaines morsures, ce qui conduit inévitablement les hamsters à être délaissés, abandonnés ou euthanasiés.
Côté fertilité, les deux types de croisements (femelle russe x mâle Campbell et inversement) peuvent produire des mâles stériles et des femelles à la fertilité diminuée.
Pour finir, la reproduction d’hybrides au détriment de chacune des deux espèces (hamster russe et hamster de Campbell) pourrait mener à leur disparition. Car malheureusement, une grande partie des hamsters vendus en animalerie sont des hybrides… Par ailleurs, peu de passionnés vont l’effort de se tourner vers un bon éleveur afin de se procurer une petite bête si facile à trouver en magasin…
Comment reconnaître un hybride Campbell x russe ?
Avant toute chose, sachez qu’il est souvent très difficile de reconnaître un hybride, pour plusieurs raisons. Cela dépend d’abord du degré d’hybridation : le hamster est-il issu d’une seule génération, ou bien de plusieurs ? Quelle est la proportion de gènes Campbell par rapport aux gènes russes ? Quels sont les gènes activés, répliqués, dormants ? Impossible de le savoir. Un hybride peut ressembler énormément à un Campbell ou a un russe. Et ces deux espèces se ressemblent également beaucoup ! Quand il est déjà difficile de faire la différence entre un Campbell ou un russe, il est impossible de démasquer un hybride…
On peut toutefois donner quelques clés à titre indicatif :
- Les hybrides ont des couleurs que l’on ne retrouve que chez eux : Mushroom, Mandarine, Orange, Brown, Moscow. (Et le hamster de Campbell a beaucoup plus de couleurs que l’hybride et que le russe).
- Un hybride peut avoir la morphologie de l’une des espèces, et des couleurs de l’autre.
- Un hybride a parfois des défauts comme un surplus de peau, des oreilles trop grandes, un ligne dorsale non régulière.
- Un hybride a parfois des yeux plus petits et un museau pointu.
- Un hybride a souvent du diabète, alors que c’est rare chez le hamster russe.

Que faire si je découvre que mon hamster est un hybride ?
La première chose à faire est de s’assurer qu’il est en bonne santé. Amenez-le chez le vétérinaire, et testez-le pour le diabète. Si vous constatez que votre hamster est diabétique, vous pouvez lui donner des graines de fénugrec et surtout revoir son alimentation afin d’éliminer toute source de glucose. Vous trouverez toutes les informations nécessaires dans l’article sur le diabète chez les petits rongeurs.
Observez attentivement votre hamster et assurez-vous qu’il ne souffre pas de problèmes neurologiques. Enrichissez son milieu afin de stimuler ses neurones et éviter les comportements stéréotypiques.
Ensuite, contactez la personne ou l’animalerie qui vous a vendu votre hamster afin d’en savoir plus et de les informer sur les dangers de l’hybridation.
Comment mettre fin à l’hybridation ?
Il existe des mesures très simples à mettre en oeuvre… si seulement les amateurs de rongeurs étaient suffisamment informés, et si les magasins ne se fichaient pas de l’origine des animaux qu’ils vendent !
- Informer les amateurs de rongeurs sur les dangers de l’hybridation
- Apprendre aux amateurs à essayer de reconnaître un hybride
- Informer les animaleries et aller régulièrement vérifier
- Ne plus acheter d’hybrides
- Ne pas faire reproduire des hybrides
- Ne pas croiser de hamsters de Campbell et de hamsters russes
- Adopter des hamsters de Campbell ou des hamsters russes chez des éleveurs reconnus avec des lignées pures
Par Marie-Sophie Germain
Catégories :GÉNÉTIQUE, MISES EN GARDE, REPRODUCTION et ELEVAGE