Certains animaux souffrent d’une mauvaise réputation, tenace et sévère, qui a tendance à leur coller à la peau à cause de rumeurs et de vieilles légendes pourtant démenties aujourd’hui. Le rat fait incontestablement partie de ces espèces qui répugnent autant qu’elles fascinent. Si ce rongeur compte beaucoup de détracteurs, le jugeant parfois à tort faute de bien le connaître, une forte communauté de « ratouphiles » inonde désormais les réseaux sociaux. Et finalement… pourquoi pas le rat comme nouvel animal de compagnie idéal ? NAC magazine vous dit tout !

Briser les rumeurs et rétablir la vérité

Nous l’avons tous lu, entendu, appris… les rats seraient les grands vecteurs de la peste, fléau abominable responsable de milliers de morts au XIV siècle. Et pourtant… les historiens et scientifiques sont aujourd’hui unanimes : ce ne sont pas les rats les fautifs, mais les puces qu’ils véhiculaient sur leur dos. Passant ainsi d’un hôte à un autre, les parasites étaient libres de contaminer encore et encore… et ont ainsi propagé et perpétué l’immense catastrophe que fut la peste noire.

Les rats parcourent nos égouts, grouillent sous nos pieds, galopent dans les profondeurs de la ville… ils sont bien là. Tapis dans leurs différents abris, cachettes et refuges de fortune, ils vivent au plus proche de nous, une proximité relative pour profiter de nos ressources, tout en conservant une certaine distance pour ne pas tomber dans nos pièges. Indispensables pour la dégradation de nos déchets, ils sont des éboueurs particulièrement efficaces. Les bannir de nos civilisations serait tout aussi dangereux que les laisser nous envahir… la juste cohabitation doit permettre à chacun de trouver sa place et de vivre ainsi en harmonie.

Si les rats que nous côtoyons dans nos grandes villes sont bien apparentés à ceux que nos animaleries proposent en magasin (et pour cause, il s’agit de la même espèce !), ne vous amusez guère à « recueillir » un rat sauvage chez vous. Au delà d’un risque potentiel de zoonoses (maladies transmissibles de l’animal à l’homme), son épanouissement est fortement compromis : pourvu de grande facultés cognitives, votre prisonnier ne pensera qu’à une seule chose, retrouver sa liberté. Les morsures suite à une peur irrationnelle de l’animal pourrait bien s’avérer dangereuses et profondes…

Vivre avec un rat, mode d’emploi

Le rat est un formidable animal de compagnie à condition de lui offrir de bonnes conditions de vie. S’il dispose d’une cage propre et adaptée, d’une bonne alimentation, et de sorties régulières tout en respectant son besoin de repos et de tranquillité, il est parfaitement possible de vivre une très forte complicité avec les rats… oui, LES rats, puisqu’il va falloir songer à une adoption multiple !

Une espèce grégaire

Le rat est un animal appréciant la présence de ses congénères avec qui il partage sans grande difficulté son quotidien tant que l’espace et les ressources le lui permettent. Afin de respecter ce mode de vie ancrée en lui, il vous faudra adopter au minimum deux individus, deux mâles ou deux femelles. Évitez bien entendu l’adoption d’un couple… la gestion des naissances chez des animaux aussi prolifiques est loin d’être aisée et ne doit être réservée qu’à des personnes expérimentées et après avoir longuement réfléchi le projet.

Si vous ne souhaitez malgré tout adopter qu’un seul individu, il vous faudra pallier au manque de congénère en consacrant beaucoup, beaucoup de temps à votre rat. Il devra sortir plusieurs heures par jour, tous les jours, et être particulièrement stimulé pour ne pas devenir totalement amorphe d’ennui, voir même agressif. Dans ce cas, essayez de réfléchir à la mise en place d’une pièce permettant au rat de rester en liberté et ne retourner dans sa cage qu’en votre absence. Libre de ses mouvements, il pourra dès lors profiter pleinement de votre présence. Beaucoup de précautions sont alors à prendre, mais c’est possible (et parfois nécessaire pour des rats isolés pour des raisons de santé, ou bien lors du décès de son congénère et l’incapacité d’adopter un nouvel individu pour diverses raisons).

Un besoin d’espace

Lors de son adoption, le rat est le plus souvent encore de petite taille, ressemblant à une grosse souris. Pourtant, ce dernier va très vite grandir, et certains mâles peuvent devenir particulièrement imposants, tels de petits cochons d’Inde pour les spécimens les plus gros ! Ainsi, la cage doit être volumineuse, spacieuse, et offrir beaucoup de stimulations.

Les cages à barreaux sont à privilégier, les rats sont d’excellents grimpeurs et n’hésiteront pas à vous le prouver dès qu’ils seront en confiance en votre présence. Des étages et des hamacs doivent être installés afin d’augmenter la surface disponible, et de sécuriser les hauteurs. En effet, la cage doit être suffisamment haute pour y installer nombreux accessoires, mais ne présenter par ailleurs aucun risque de chute.

Les rats adorent tout ce qui est nouveau. Il est très facile d’agrémenter la cage de nouveaux objets sans danger pour les distraire… des boîtes en carton, des tunnels en PVC, des plateformes en bois ou en plastique, des cachettes (attention à la taille de ces dernières, et plus particulièrement à leurs ouvertures qui doivent être suffisamment grandes pour permettre le passage des animaux sans risquer d’y rester coincés)… vos rats pourraient bien aussi vous chiper quelqu’unes de vos affaires pour les disposer dans leur cage !

Alimentation, litière et Cie

Comme tous les NACs, les rats ont des besoins spécifiques. Il est nécessaire de leur offrir une alimentation adaptée. Cette dernière peut être sous la forme d’un mélange fait maison, d’un mélange industriel ou encore des granulés. Quelque soit votre choix, vérifier toujours la composition de l’alimentation avant de la donner à vos animaux.

Quelques friandises peuvent être données régulièrement, mais en petites quantités. Quelques fruits (pas d’agrume en revanche, ces derniers présentent un risque pour leurs reins) comme de la pomme ou de la poire, quelques légumes comme une rondelle de la carotte… évitez tout ce qui est trop riche ou trop sucré. Vos rats seront tout aussi contents avec un bout d’endive !

La litière des rats doit être sélectionnée avec précaution : particulièrement sensibles aux infections respiratoires, les copeaux de résineux doivent être impérativement bannis. La litière végétale en petits granulés est inconfortable pour les pattes des rongeurs et à l’origine de pododermatites… privilégiez plutôt la litière de chanvre de qualité, de lin ou encore la litière de cellulose Carefresh (plus d’infos ici sur la litière de cellulose).

L’entretien minutieux de la cage des rats demande un temps conséquent. Les barreaux ont tendance à s’imprégner d’une odeur d’urine s’ils ne sont pas nettoyés régulièrement. Les dodos en tissus doivent être lavés, tout comme l’ensemble des accessoires. Il est souvent nécessaire de réaliser un petit entretien quotidien des zones les plus souillées afin que l’espace des animaux reste sain et éviter les mauvaises odeurs (notamment sur les étages qui sont le plus souvent peu recouverts de litière pour éviter les projections).

Une cagnotte est à prévoir pour répondre à l’ensemble des besoins des rats (alimentation, litière, friandises, jeux…) mais aussi en cas de maladies ou d’accidents. Il est aujourd’hui relativement simple de trouver des vétérinaires NACs compétents. N’hésitez pas à vous renseigner avant d’adopter.

Beaucoup d’attention…

C’est le « deal » avec un animal proche de l’homme… si vous souhaitez un petit animal proche de vous, qui sera content de vous retrouver le soir et qui n’hésitera pas à grimper sur votre épaule à peine la cage ouverte, le rat peut vous correspondre. Mais son besoin d’attention est quotidien… il vous faut ainsi être certain de pouvoir lui consacrer suffisamment de temps tout au long de sa vie (3 ans en moyenne). Un désintérêt de votre part pourrait particulièrement affecter vos rats, qui peuvent même devenir agressifs. Comme pour tout animal, une adoption doit de fait rester un acte réfléchi et assumé tout au long de la vie de l’animal !

Par Audrey Pion